Blog chaotique à la mise à jour aléatoire.


On y cause de
Métal sous toutes ses formes, d'ambiance d'apocalypse, films, séries, jeux de rôle et jours de colère...

vendredi 28 septembre 2018

[SCENARIO SOMBRE] REIGN IN BLOOD

Compte Rendu d’un Quickshot de Sombre Classic.

Jeudi soir : 19h00. 

Je sors du boulot, nickel. Je suis plutôt dans les temps pour mon rencard sur Toulon vers 19h30 et je suis hypra motivé pour mon premier quickshot Sombre.

J’avoue que, la musique aidant, je me suis imaginé à mener ce quickshot dans plusieurs univers, j’avais hâte d’expliquer correctement le principe à mes joueurs qui sont les joueurs de mon groupe « vétérans ».
Nous avions donc : Olivier, Alain et Yanne qui avaient déjà eut l’honneur de mourir sur House, notons d’ailleurs qu’Olivier est encore à ce jour le seul qui ait survécu dans mes parties de House alors qu’Alain, lui, y a déjà joué trois fois. Le système de Sombre leur était donc connu.
Nous avions également Cyrille et Adrien, des collègues de bureau mais néanmoins amis qui ne connaissaient pas le jeu.

De tous, Alain est le seul à avoir eu droit au format Zero de Sombre lors d’une partie mémorable de D.S.G.

Ce groupe est un groupe homogène. Adrien étant le dernier à s’être mis au Jdr (il y a un peu plus de 6 ans je dirais et Alain et Olivier les plus anciens (environ une trentaine d’années de pratique). Tous se connaissent et jouent toutes les semaines ensembles.
Calé comme une vieille fille ménopausée, je débarque à 19h40.

On claque des bises même s’il manque Cyrille et Alain. Je sors deux - trois vannes à base de bières et d’allusions sexuelles et on s’y met.

Le Brainstorming.

J’explique les règles de Sombre Classic à Adrien. J’ai prévu de faire une partie d’environ deux heures, j’ai peur que Zero soit moins intéressant sur ce format - peut-être à tort- mais j’ai pour moi la certitude que la mécanique des personnalités va à la fois plaire et fonctionner avec ce groupe de joueurs. Comme d’hab j’explique que si je mène du Sombre c’est parce que je SAIS que le groupe peut s’en sortir, ce qui semble rassurer rapidement Adrien pour qui le concept de victime a eu un effet masse en plomb. Je sors rapidement deux trois exemples de mes précédentes parties pour le rassurer.

Oui ce sera dur.
Oui, il va surement y passer.
Non, ce n’est pas impossible d’y survivre, mais il faut se sortir les doigts.

Pendant ce temps, Olivier et Yanne cogitent déjà a un setting. Pendant que je termine l’explication des règles a Adrien, Cyrille fait son entrée.
Claquage de bises, vannes, bières, et il est prêt pour mon briefing de règles. Oui je le fait deux fois, volontairement, car pendant ce temps Adrien rejoint le brainstorming de la partie que je relance parfois d’une idée ou deux mais pour qui, clairement, les joueurs n’ont pas besoin de moi. Je prends le parti de superviser tout ça de loin et de rendre un verdict en fin de brainstorming. Alain arrive pendant que je termine le briefing de Cyrille qui, vieux briscard, semble complètement kiffer les règles !

Alain et lui rejoignent donc le brainstorming et on commence la créa collective sur les coups de 20h30. Je suis hyper raccord, c’est génial.

Je fais le point un peu plus tranquillement sur le setting pendant que les personnages prennent formes. Ce que j’avais entendu et auquel j’avais contribué en lançant quelques idées, en refusant certaines choses et en poussant certaines autres prend corps pendant que j’ai mes petites idées derrière la tête.
Nous jouerons, chose inédite, dans un univers qui fait le croisement entre Alien et Star wars (et probablement un peu WH40K) : les joueurs venant de la ligue de la République Galactique sont les membres d’un vaisseau d’exploration au nom non défini qui s’est écrasé sur une planète qui ne s’est pas développé technologiquement et qui n’en est encore qu’au stade médiéval. Un croisement entre Alien et Black Death quoiJe valide l’idée en demandant pourquoi ils passaient par là, en demandant d’étoffer les fonctions de chacun et de me décrire la population.

Rapidement les joueurs ont une idée de village médiéval et me cite souvent les prêtres et l’inquisition. On m'avance également une espèce de lutte interclans, avec des pro-technologie et des anti-technologie, qui me parait compliqué a mettre en place en si peu de temps. je repousse l'idée mais la garde en tête, des fois que. Le grand antagoniste serait LE chaman, le chef du village que mes joueurs dessinent en même temps, non loin d’une foret. Entre les deux, leur vaisseau s’est écrasé.

Voici leur plan :




J’ai quant à moi en tête l’histoire du « Chaos Final » le bouquin de Spinrad, qui colle parfaitement a l’ambiance que recherche les joueurs. Ça va faire un bon mix.


Les joueurs : 

Adrien jouera Sonia, la commis de cuisine Affectueuse. Amnésique / In extrémis. Publiquement amoureuse d’Atlante sans que celui-ci ne réponde à ses avances.
Alain jouera Viktor, le pilote Egocentrique, miraculé et somnambule. Il a violé Sonia il y a deux jours dans le vaisseau, celle-ci a effacé plus ou moins volontairement cet événement de sa mémoire. Viktor a pris un flingue sur le corps d’un des morts du crash. C’est le seul flingue du groupe.
Yanne jouera Oliver, Mecano Brutal Dévoué a Sonia. Il a compris que quelque chose clochait avec son amie sans savoir quoi. Il possède l’avantage Tir et il est le seul. Je l’ai bien précisé lors de la créa et tout le monde l’a bien compris. Mieux ça a l’air de plaire au groupe. Tant mieux.
Olivier jouera Victor, il est parti dans un délire de refaire exactement le personnage d’Alain. Petite boutade entre joueurs qui me casse doucement les burnes, j’ai beau essayer d’y mettre fin, il garde par devers moi le même prénom ce qui m’agace partiellement mais je baisse les armes car je sais contrôler ce joueur. Ce sera Victor, avec un C. C’est un agent de la république qui est venu enquêter sur les accusations d’anciens membres de l’équipage ayant subi des attouchements de la part de Viktor. Il possède un matraque a énergie et est Médium.
Cyrille jouera Atlante Suzenc, Astronavigateur Cynique secrètement amoureux de Victor. Avec un C. Il a volontairement faussé les données d’astrogation pour se retrouver sur la planète avec Victor. Mais ça a foiré et le vaisseau s’est écrasé.

Au final j'ai cette carte de relation :



On part du principe que le reste de l’équipage (4 membres) sont morts dans le crash et que les joueurs sont en train de les enterrer.

On prend le temps de manger et de boire un coup. Mais vite car je ne veux pas laisser le souffle retomber. Il est 21h. Fin de session annoncée dans ma tête 22h30 max 23h.

Demain tout le monde bosse et moi je n’habite pas à côté.

Let’s Go.

La partie.

Mon idée et de les faire commencer in media res, avec des sauvages type planète des singes qui débarquent de la forêt pour les repousser vers le village.
Mais quand je commence à les décrire (tous dehors en train d’enterrer les morts et donc a découvert) tout le monde me dit « non, non, les morts, ca y est, c’est fait ».

Ah merde. La tension que je voulais instaurer d’entrée de jeu aurait put foirer… Mais heureusement quand chacun décrit ses activités (Oliver est dehors a regarder ce qui ne va pas dans la mécanique et qui comprend que le problème vient plutôt de l’astrogation, Sonia scrute autour de la navette, ViKtor la matte et Victor et Atlante sont à l’intérieur), Viktor s’en prend violemment et verbalement a Sonia, ce qui allume direct Oliver qui s’en prend a lui a coup de clé a molette. Sonia prend peur et hurle ce qui fait sortir les deux derniers pendant que Viktor, tire une balle dans la jambe d’Oliver mais le rate (et oui, monsieur n’a pas l’avantage).
Tendu, tendu. Mais je laisse retomber le Pvp. L’idée c’est pas que les joueurs s’entretuent en 10 minutes non plus.

Tout le monde s’engueule, Atlante prend le parti d’aller vers la foret, suivi de Sonia, toujours transit amoureuse et d’Oliver, clopinant mais dévoué, pendant que les deux Vic s’engueulent devant la navette, Viktor privé de son arme par Atlante pendant que tout le monde l’immobilisait ayant décrété qu’il était désormais le plus gradé.
Dans la forêt les trois autres discutent à l’abri de la colère de Viktor quand ils entendent brutalement quelque chose qui bouge rapidement dans l’arbre. Hop un jump scare efficace !

L’espèce d’humanoïde se jette du haut de l’arbre sur Atlante qui lui tire dessus (ce qui ne sert à rien car il n’a pas l’avantage) mais rate son attaque et atterrit aux pieds du groupe. Il attaque une seconde fois pendant qu’Atlante donne le flingue a Oliver et rate encore son attaque (ya des soirs, j’vous jure…).
Sonia hurle, l’humanoïde chope Atlante et lui arrache un bout de bras avec ses dents pendant qu’Oliver le sèche d’une balle en pleine tête.
La technologie contre la barbarie. Probablement le concept que voulaient essayer les joueurs.
D’autres humanoïdes arrivent et forcent le groupe a retourner au vaisseau avec leur trophée. Les joueurs remarquent que la bestiole, humaine, avait les dents taillées en pointes.
Forcés de descendre de la colline où ils se trouvent, ils se dirigent vers le village en contrebas, toujours avec le mort qu’ils traînent comme une prise de chasse et en s’opposant à l’idée de Victor qui trouve ça fortement déplacé.

Je suis dans la courbe descendante de mon récit. Les joueurs essayent de communiquer avec les habitants de ce village mais rapidement il leur saute aux yeux que :

- les habitants de ce village (les maitres) sont tous des hommes vêtus de toges noires aux crânes rasés et aux dents taillées tenant en chaîne des esclaves humains nus.
- Ces derniers semblent complètement soumis a leurs maîtres et ne semblent pas savoir communiquer.
- Les esclaves passent aisément d’un maître a l’autre, la plupart n’hésitant pas a assouvir leurs besoin les plus primaires aux yeux de tous, parfois sous les applaudissements ou les encouragements de leurs pairs.
- Pour être accepté dans ce village, il faut faire de même.

Le « trophée » que les joueurs amènent est embarqué directement vers le temple par des maîtres qui semblent plus qu’heureux. On leur explique (dans un commun bien pratique) que la foret est le domaine des damnés. Des esclaves qu’on a préféré laisser évoluer librement.

« Mais vos esclaves n’ont pas les dents taillées en pointes… ? »
« Non. En effet. »
« Mais alors… ? »
« Passons… »

Sonia, elle, se retrouve face à une femme nue se rapprochant d’Atlante. Nerveuse, elle la pousse, la femme, nue, tombe au sol. Voyant cela, Sonia se rappelle petit à petit ce qu’il s’est passé avec Viktor (le joueur avait déjà plus ou moins compris a ce stade) et défaille sous les hurlements et les encouragements du village qui s’est rassemblé autour de ces étrangers.
Pendant ce temps le reste du groupe explore les huttes (des charniers, des corps a moitiés dévorés) et les différents endroits du village. Oliver se dégote même une espèce de grande broche, dont l’évidente abomination de son utilité (embrocher plusieurs personnes pour les faire cuire au feu en même temps), lui saute brutalement à l’esprit. Ca commence a pas mal cocher (j’ai pas tout détaillé mais depuis le début ca envoi pas mal). Et c’est cool.
Alax, le grand prêtre du village (mon PNJ 13) se ramène. Ouais sur le coup j’ai pas eut de nom en tête. Les joueurs savent très bien que c’est l’antagoniste dont ils ont parlé mais j’ai encore une idée en tête qui devient de plus en plus importante pendant qu’on joue.

Victor demande de l’aide au prêtre, aimerait trouver un moyen de repartir d’ici pendant qu’Oliver se ramène au milieu (il s’inquiète pour Sonia) et que Atlante et Viktor continuent de visiter (et de perdre des points du coup, parce que je décris pas mal d’atrocités ce qui donne un résultat glauque a souhait. Qui de l'esclave battu a mort et enuclé, qui du maître en train de festoyer, la bouche pleine de tripes, etc...).

Alax demande une monnaie d’échange en désignant Sonia. Evidemment celle-ci refuse et essaye de s’éloigner. Alax la retient par le bras tout en sortant ce qui s’apparente à une machette de sa toge en disant calmement « juste un bras ».
Oliver voit rouge et attaque Alax, ainsi que Victor rejoint en T2 par Sonia . En deux - trois coups de cuillères a pot, mon PNJ 13 se fait défoncer laggle ; quelque chose de bien en ayant juste put blesser Oliver.
Pas grave, j’enquille directement sur la sauvagerie et la colère des esclaves que je traite comme une horde. Ils envahissent le village et se jettent sur le groupe et infligent 3 blessures par tour.
Le groupe se retranche vers le temple (j’ai eut peur deux secondes qu’ils se dirigent plutôt vers la forteresse, nickel) et se barricadent a l’intérieur.

Pendant que Sonia et Oliver bloquent les issues, ce connard de Viktor prend l’unique torche et s’enfonce dans l’étrange passage béant qui est dans le sol suivi plus ou moins rapidement par les autres.
Sous le temple, une immense salle sombre où les joueurs marchent dans le sang et les cadavres. Ca coche a tout va, surtout qu’on ne peut que deviner les formes. Le groupe patauge dans le sang jusqu’aux mollets.

Hors de lui, Oliver essaye de prendre la torche de force à Viktor. Evidemment, ce dernier refuse et l’abat comme un chien à bout touchant (après des jets ratés de la part d’Oliver).
Sonia hurle, le groupe commence a faire du bruit et entend plus qu'il ne devine l’énorme masse qui commence à se dresser devant eux : une immense créature faite de morceaux de cadavres laissés ici a son intention, le Dieu de ce peuple.
Le colosse fait pas loin de 4 mètres et est composé de morceau de cadavres, des bras depassent de ses jambes, son genou vomit des tripes, la vision est un véritable cauchemar.

Je donne a Yanne le personnage de Juntor, un des combattants du village qui a réussit a passer dans le temple mais n’a pas hésité, lui a descendre pour venger Alax. Quand il arrive, Atlante est dos a lui. Junto va attaquer en même temps que le Dieu et a comme arme un gant artisanal en peau de Damné (en fait une main creusée) fait d’os aiguisés d'ou dépasse des griffes (un mix a la Freddy quoi).

Le Dieu Cadavre est un PNJ15 (pas envie de faire retomber le soufflé trop vite et j’ai encore la quasi-totalité de mes pj en vie !) et possède la faculté « Large », comme il est massif, il donne de larges coups qui frappe deux joueurs en même temps, ceux désignés par un d4.

Pendant que Sonia et Viktor prennent le premier coup, Juntor attaque Atlante dans le dos, le dévaste avec un très bon jet qui le met au sol.
Oui au sol, c’est-à-dire sous le sang. Jet de corps en opposition, Juntor maintient Atlante sous le sang pour le noyer pendant que le reste du groupe, qui n’a rien vu continue a se battre contre le Dieu Cadavre qui fait un massacre et fauche Viktor qui laisse tomber la torche dans le sang.

Obscurité complète, Juntor, lui, n’est pas handicapé par cela et continue a noyer Atlante qui rate encore son jet, du sang et des tripes plein la bouche.

Dernier jet pour Atlante qui s’il le rate perdra son dernier point, il se relève néanmoins en criant son amour pour Victor alors que ce dernier porte le coup de grâce au Dieu Cadavre. Grace a son avantage Medium (que je n'ai pas put exploiter comme je le voulais) il "sent" les cadavres autour de lui et n'est pas handicapé par l'obscurité pour toucher le Dieu.

Voyant cela, Juntor se jette sur Victor. Ils s’entretuent dans un dernier combat.

Atlante se rapproche de Sonia quasi morte (chacun n’a plus qu’un point de corps). Couverts de sang tous les deux, bras dessus, bras dessous et épuisés, ils s'entraident pour remonter dans le temple.

Là, le village complet les accueille et s’agenouille devant leurs Nouveaux Dieux.

Générique. Il est 22h30.

Le bilan :
+ Enoooorme ! Tous les joueurs ont surkiffés le concept et la rapidité de la partie, sa violence et ses thèmes.
+ Le brainstorming a beaucoup plut et la plupart des idées ont été bien exploitées.
+ Les boutades inter joueurs (l'homosexualité de Atlante et le double prénom) m'ont finalement servis et ont été joués a fond, donc c'est vraiment bonus !
- J’ai un petit regret pour le désavantage Somnambule de Viktor que je comptais utiliser mais bon, ce sera pour une prochaine fois.
-J’ai eut un peu peur que tous les côtés non expliqués du village les rebutent mais au final tout c’est bien passé. C’était bien bonnard.

+ ceux qui ne connaissaient pas ont vraiment adoré Sombre et ses règles !

Bref mon premier quickshot est une grande réussite a laquelle je me rend compte au final que les joueurs ont beaucoup contribués !

mardi 11 septembre 2018

Fighting the World.





Dimanche après-midi, alors que j’étais dans la rue, je croise un homme d’environ 30 ans avec son chien. Malgré ses appels répétés, le clebs ne semblait pas vouloir revenir aux pieds de son maître.
Amusé, je m’adresse à l’homme en lui balançant un genre de « Ça ne m’a pas l’air très efficace. » et ce dernier me sourit en répondant « Il sent la chatte. »

Je lève un sourcil intrigué –je suis vachement bon pour ça, lever un sourcil intrigué c’est tout un art- en répétant « … La chatte ? »

-« Ouais. Il sent les femelles là-bas, il veut les fourrer ».
-« Ah. Ouais, les chiennes quoi. »
-« Ouais, ahah, ahahahahah, les chiennes ouais ahah. »
-« … »

Etrange sensation de se sentir hors du monde ?

Sur Facebook, j’ai eut le malheur, hier, de faire remarquer à un gars qui postait un « Sa fait male » que son orthographe était déplorable.
Bien évidemment, je me suis fait incendier. Mais plus que ça, personne (hormis deux personnes, deux inconnus) personne donc n’a relevé les fautes ou ne s’en est offusqué.

Je ne suis pas porté sur la grammaire et l’orthographe (d’ailleurs il y a très probablement des fautes dans ce texte) mais j’estime que quand il est possible de faire un minimum d’efforts pour avoir une phrase compréhensible il est normal de les faire. P’tain quoi… Trois mots, deux fautes…

Résultat : banni du groupe et profil signalé.

Est-ce grave ?

Je pense que oui.

Ai-je envie d’évoluer dans une société qui cautionne cette façon de communiquer ? Ai-je envie de faire grandir mes 3 enfants dans ce genre d’environnement ? Comment pourrais leur dire de ne plus lire, de ne plus écrire, de se contenter de la médiocrité que Facebook leur propose, du désert culturel offert par la télé et les mass-médias ? Je n’ai jamais entendu un morceau de Jul. Je n’ai jamais regardé Hanouna ni vu secret Story. Je n’en ait même pas envie en fait, même par simple curiosité.

Comment leur expliquer qu’il est normal de se retrouver seul avec son téléphone en soirée pour que tout le monde poste des selfies sur Facebook ou communique sur Snapchat ?
Ai-je la nécessité de faire connaitre a Facebook et au Big Brother mon âge, mes passions, mes centres d’intérêts mais que peu importe mon degrés d’exigence dans ma vie ? Ai-je le besoin vital que vous sachiez tous ce que j’ai fait ce week-end, quitte à poster depuis mon téléphone un « Wè c tro bien issi ! » parce que tu comprends on s’en branle de l’orthographe ce qui compte c’est la photo du chat mort que j’ai posté ?

Pourquoi dois-je « subir » dans mon fil d’actualité des images des anges de la télé-réalité ? Pourquoi dois-je voir une vidéo d’une gamine qui raconte sa première sodomie ou des gars qui se pètent la gueule en faisant des conneries que personne ne ferait en temps normal ?
Je n’en ait plus envie. D’ailleurs je n’en ait jamais eut envie.
Je me suis renfermé sur moi-même. J’ai longuement réfléchi. Est-ce que je deviens –encore plus- insociable ? Est-ce que les gens m’insupportent ?

J’aurais tendance à dire que c’est le cas mais non : c’est le mode de comportement que la société leur impose et qu’ils suivent, bêtement, qui ne me convient pas. Il existe des gens très bien, avec lesquels je m’entends parfaitement et avec lesquels il n’existe aucun quiproquo d’aucune sorte, preuve que j’ai tout de même bel et bien ma place dans les échanges sociaux (et non, malgré ce qu’on pense, mes « amis » ne sont pas tous des punks anarchistes junkies marginaux).

Je ne vise personne dans ce « coup de gueule », chacun fait ce dont il a envie et ce n’est certainement pas à moi de dire aux gens quoi faire. Mais en même temps je me sens obligé de « faire quelque chose ».
Mais quoi faire ? La masse rejette les gens qui pensent différemment cela n’est pas nouveau et continuer à s’insurger en pensant faire relever le niveau, du moins sur Facebook, ne me mènera à rien de plus que de me voir a nouveau fermer mon compte, compte dont j’ai aujourd’hui besoin pour communiquer autour des évènements qui m’intéressent (ce qui reste la seule fonction utile de Facebook, d’ailleurs). S’en battre la nouille n’est –pour moi- clairement pas une option. Tirer les gens vers le haut (en tout cas essayer de, à mon petit niveau) c’est une bonne idée… mais encore faut-il que les gens le veuillent…

Et c’est bien ça le nœud du problème. Sous le prétexte de « faire comme les autres », on remarque une tendance à niveler vers le bas tous les aspects de notre société, à tous les niveaux, dans tous les milieux. Parce que tu comprends, il « faut » avoir vu telle ou telle émission, avoir écouté tel ou tel artiste promu par une chaine de télé. Etre mauvais, puisque visiblement la médiocrité est plus populaire que l’excellence, plus facile d’accès et de par le fait plus répandue. Il faut se poster sur Facebook, se prendre en photo, parler de soi pour combler son vide intérieur. Se croire intéressant pour le faire croire aux autres car leur avis est important, pas vrai ?
Les gens n’ont pas envie de changer. La société et les médias ne leur donnent pas envie de changer. Ecrire ce texte fait de moi un « intello », un paria finalement, qui se prend la tête au lieu de poster ses pâtes de midi en photo en postant un « Sa cè bon g fin ».  Et le pire c’est que je me sens mal.

C’est le gros problème dans tout ça, ce système insidieux qui te fait te sentir mal quand tes priorités ou tes actes ne sont pas ceux qu’on attend. Qui te fait te sentir rejeté quand pourtant tu ne fais que t’exprimer. Qui te pointe du doigt en te disant que tu es insociable.

Je ne suis pas insociable. Je me rends compte simplement aujourd’hui que je n’accepte plus la médiocrité usuelle. Celle de tous les jours. Et qu’écrire ce court texte me permet de mettre cela à plat et d’être en paix avec moi-même. Ecrire ce texte ne changera pas le monde, même si je demande à le faire tourner –de toute façon, seul un pourcentage minime de mes contacts l’aura lu dans son intégralité, Facebook privilégiant la rapidité des statuts et la surdose d’informations – mais me permettra de poser tout cela noir sur blanc. Et on sait tous que cela fait du bien.