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samedi 18 février 2012

ABORTED // Global Flatline

Personne n'est là quand je me réveille. Tout le monde semble avoir déserté la place. Je me rend compte que je me trouve dans une chambre d’hôpital. Aucun bruit dehors. Et pourtant, il me semble entendre des réminiscences d'alertes radios, des communiqués de presse passés en urgence, des samples obscurs...

La porte de ma chambre semble avoir été bloquée par un brancard, jeté contre le mur, hasardeusement. Je l'ouvre d'un coup d'épaule.

Le couloir pue la tragédie et la mort. Le sang semble être la couleur prédominante de l’hôpital, se traînant sur les murs, s'éparpillant sur le sol.
Et la déflagration arrive. Des riffs lourds, pesants, mais également profonds et implacables. La batterie s'affole et s'abat comme une tragédie. Les morceaux de débris sanglants sont partout.

C'est quand je vois ces restes humains que le growl arrive, profond. C'est quand ces restes s'animent mollement que la musique s'emporte, que les guitares s'emballent comme possédées, mues par une force invisible qui les oblige a me faire subir, encore et encore, une brutalité sans fin.

En fuyant cet endroit, je sens ma raison défaillir. La voix hurle encore, plus profondément, plus puissante encore que ce que je ne l'avais jamais entendu. Et pourtant, le son lisse, puissant de cette bande annonce de fin du monde ne l'augurait pas ainsi. Comme si l'ingé son de cette diabolique litanie avait décidé de tout mettre au taquet en gardant un son pur comme du cristal. Pur et dégoulinant à la fois.

Etrange alchimie du macabre. Curieuse fascination pour la violence. Insolite magie de la brutalité.

Alors que je fuit l’hôpital pour me rendre compte que les rues sont vouées au même chaos, les premiers solos retentissent. Mélodiques, étrangement et diaboliquement mélodiques mais s’effaçant devant la brutalité du propos. La partie rythmique est implacable. La basse est méthodique, les vocaux enragés.

Et les morts arrivent. Ils sont partout, me cernent complètement. Bavants, hurlants autour de moi sur plusieurs pistes. Leur vision me possède complètement alors que la magie opère.

Pourtant, je ne devrais pas les voir mais uniquement les entendre.

Quelque part au fond de moi, je sais que j'écoute simplement le nouvel opus des ABORTED. Mais il me transcende, tant l'effort du groupe est au-delà de tout ce qu'ils ont put enregistrer auparavant. Tant les références tombent rapidement, sont saisissables et assimilables instantanément. Tant l'écoute est aisée et ardue à la fois.

La pochette - magnifique - du skeud tourne entre mes doigts. La bière (une trompe la mort) est fraîche dans ma main, mais mon cerveau n'est plus là.

Transporté par le death brutal et magnifié des ABORTED, il est ailleurs.

Dans la rue, non loin de l’hôpital.

Remarquable récit d'un monde tombé, victime de lui-même. Religion, avidité, haine. Toute la pourriture humaine transparaît dans celle d'un zombi. Tout le vide de l'humanité se résume dans le non-sens de cette non-vie.

Alors forcément, quand l'intro de « Of Scab And Boils » arrive, elle m'incite à me défendre. A prendre cette barre de fer qui traine inévitablement sur le sol et à défoncer les crânes poisseux de ce vide, a aller a contre sens de cette futilité absolue, de cette fin annoncée, de cette mort qui marche, sans but.

Mon arme s'abat, comme la batterie, implacable et sans pitié. Les hurlements des morts se confondent avec ceux du furieux possédé dans ma tête. Nerveux, violent. Sans appel.

Mais elle dérape. Un faux mouvement de ma part, alors que le blast de la batterie ne s’arrête toujours pas, permet à un des mort, celui qui à un crucifix à la main, de m'attraper a la cheville. Les coups se confondent avec la déflagration de la batterie, le tourbillon du carnage au maelström de violence sonore.

Je chancelle, je tombe. Proie facile dans un monde où la pitié a été oubliée.

Mais je ne suis pas mort. Non. Bien au contraire.


J'ai écouté « Global Flatline » et j'y ait survécu.

Un album qui est très probablement le meilleur effort de la formation à ce jour. Un brutal retour aux sources sans concession, mêlé au savoir-faire de Sven et ses potes, mélangé avec énormément de technique et de bestialité, assaisonné d'un peu de mélodies.

Une formidable leçon à la totalité du milieu.

Un opus brutalement cinématographique qui te laisse sur le carreau. On en ressort pas tout à fait vivant, ni tout à fait mort.

Mais on le garde dans la peau, comme une sale morsure infectée.

Note : 19/20

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