Blog chaotique à la mise à jour aléatoire.


On y cause de
Métal sous toutes ses formes, d'ambiance d'apocalypse, films, séries, jeux de rôle et jours de colère...

mercredi 17 février 2010

Dead Set : Envoyez 1 au 666 666 666


Salut toi.

Je viens de terminer mon visionnage de Dead Set. Ces impressions sont donc à chaud.

D'abord, qu'est-ce que Dead Set ?

Et bien, c'est une "mini-série", comme il en fleurit tant. Jusqu'a ce matin, ma série préférée était dans ce genre là et c'était "Lost Room" -je t'en reparlerais... un jour.... Dead Set est donc une mini-série anglaise de 5 épisodes formant au total un programme de 2 heures.

Mais surtout, Dead Set est la rencontre improbable de deux univers : la télé-réalité et les zombies.

T'affoles pas, je m'explique :

Alors que se déroule en angleterre la nouvelle saison de "Big Brother", une infection éclate alors qu'en fait tout le monde se demande... "Mais qui sera donc nominé ?".

Dis comme ça ça a l'air marrant (c'est vrai qu'ils auraient put en faire une parodie) mais en fait pas du tout. Alors que les zombies s'entre-dévorent, les candidats ayant pris conscience qu'ils se passent quelque-chose dehors se rendent petit à petit compte que leur emprisonnement est en fait l'unique raison de leur survie alors que la chaine passe en direct l'émission non-stop.

Enorme mise en scène et acteurs charismatiques en diable (mention à Davina McCall, la présentatrice vedette de la véritable émission sur E4, qui diffusa également la série), les codes du genre arrivent tous un par un et sont tous respectés a la lettre, avec hommage aux oeuvres de Romero (aaaaaah cette expédition sauvage au supermarché), avec un adversaire, une menace, un lieu, bref, tout ce qui est nécessaire à un huis-clos bien que la série n'en soit pas un...

En effet, nombreuses sont les scènes qui se déroulent à l'extérieur. Le spectateur sera donc appelé a suivre le destin -évidemment tragique et violent- de quelques survivants non concernés par l'émission hors des studios. Beaucoup ont de supers plans, des idées bien arrêtées sur pleins de points mais -je ne crois rien vous gacher- tout leurs petits espoirs se réduira a un joyeux bain de viscères et d'os broyés (surtout ceux du crâne, étrangement).

Doonc, fatalement, la série s'attachera plus à nous décrire le combat des candidats de Big Brother, faute d'autres témoins. Si jamais une invasion survient, postulez donc à TF1, vous gagnerez quelques jours...

Ouais, bon... Bref...

Les 5 épisodes qui forment ce petit bijou vous conduiront donc à travers les méandres de la fin du monde vu par Big Brother, jusqu'a sa fin inévitable, en multipliant les coups de génies, les références (Day Of The Dead, Dawn Of The Dead, 28 semaines plus tard, Diaries of The Dead et bien d'autres) et en régalant tout ceux qui ne comprennent rien à la télé réalité.

Quoi de mieux qu'un zombi pour savoir qui sera éliminé pendant le prime ? Hmm ?



Difficile de dire sans rien gacher ou se perdre dans des méandres pseudo-cultureux pourquoi la série est si bonne. Critique de la télé grand spectacle ? Hommage au genre ? Plans de maîtres (la caméra s'affole dans les plans d'actions mais, paradoxalement, la lecture de chaque scène est sans équivoque) ?

Sans se prendre la tête, disons que la série tape où il faut en grattant où ça fait mal... quelque part entre l'estomac et le pancréa, juste là où le sang est un poil plus noir qu'ailleurs.

Et où ça tâche.

Bien à toi.

Huuuuuuuuungryyyyyy

lundi 15 février 2010

Manowar - Gods Of War Live



Dire que j’avais perdu l’essentiel !

Dire que cela faisait au moins deux ou trois mois que je ne m’étais plus fracassé la tête a coups des premiers MANOWAR.

C’est comme ça, c’est la vie, les anciens chouchous laissent la place aux nouveaux venus. Les RUN OF LAVA, les ENSIFERUM ou les PIN-UP WENT DOWN avaient désormais pris les priorités dans mes enceintes. Bon, bien sur, je me passais parfois un petit « Mountains » ou « Each Dawn I Die» de derrière les fagots.

Il aura fallu juste un album, le décevant « Gods Of War » pour que les Kings Of Metal n’aient plus la primeur dans ma tracklist fétiche.

Dieu de l’Acier, comprend moi. Le boulot de chroniqueur est exigeant. Dieu du Métal, pardonne-moi, le temps passe trop vite, trop rapidement et les nouveaux groupes sont trop nombreux.

MANOWAR m’avait déçu et le temps de me retourner, c’était des trucs du genre d’ « Iron » d’ENSIFERUM qui tournait sur ma platine fétiche, et plus « Battle Hymns ».

Bien mal m’en prit.

Voici donc venu tel un messie le nouvel album des MANOWAR. Un double-live sobrement intitulé « Gods Of War Live » qui tombe à point, tant le dernier opus des Kings avaient déçu même les fans les plus hard-core. La nouvelle orientation choisie par DeMaio et sa bande laissait craindre le pire pour les anciennes compos des américains.

Et pour fermer la gueule à tous les traîtres du métal, les MANOWAR ont choisit de commencer les morceaux de ce live intégral en ne piochant que dans leurs anciennes compos, en privilégiant la puissance, la puissance, la PUISSANCE !

Ainsi, c’est en jouant a toutes berzingues des titres comme « Manowar », « Gloves Of metal » ou encore le fabuleux « Each Dawn I Die » que MANOWAR vient en live pêter la tronche de mon cousin Martin.
La seule accalmie arrive avec l’intro de « Mountains », bien évidemment, avant que le groupe ne recommence a enflammer le public, accompagné de claviers de toutes beautés. Une tuerie enchainée à une autre, « The Oath » ultra boostée et réarrangée aux claviers là aussi, comme la quasi-totalité dans anciennes compos exécutées!

C’est quand le solo de DeMaio sur « Son Of William’s Tale » s’enchaine sur « The Gods Made heavy Metal » que le live prend toute sa mesure.
C’est quand le public hurle, quand ces hurlements ponctuent le rythme du solo pour rejoindre celui de la guitare, suivit de prêt par la batterie qu’on comprend toute l’importance de la scène pour le groupe. Et quand, finalement ce mélange incroyablement humain explose pour faire l’introduction du morceau on touche enfin une infime partie de la vitalité fantastique qui remplit ce live d’un bout à l’autre.

Edifiant ! Une incroyable leçon pour la totalité du milieu !

Niveau morceaux et tracklist, la nouvelle fournée ne prend pied qu’a partir du second cd, même si on remarque des morceaux comme « Call To Arms » ou « Warriors Of The World United » sur le premier cd. Une sacrée démonstration et une réappropriation à tous les niveaux pour les Kings Of Métal.

Ce qui ne parait qu’anecdotique sur le premier cd (c'est-à-dire la puissance incroyable du son) prend un tout autre intérêt sur le second cd, puisque c’est à ce moment que les nouvelles compos gagne en poids brut ce qu’elles perdaient en studio. On se surprend a re-découvrir des morceaux qui tabassent tels que « Gods Of War » ou « Sons Of Odin ».

Tout n’est pas parfait, bien évidemment. Comme le live n’a pas été retouché, il y a des fautes, même minimes, des tempos qui s’emballent, des solos qui commencent trop tard ou trop tôt, mais c’est du live et rien n’est réellement marquant à ce niveau.

Le son –j’en rajoute une couche- est incroyable, même (et surtout) pour un live, on remarquera que les claviers sont laissés en retrait par rapport à la totalité du reste (le public en premier lieu). Mais en gros, sur la table de mix ça devait donner du « tout au taquet, a fond, a fond, a fond ».

Petit regret également au niveau des titres, où j’aurais aimé entendre « The Dawn Of Battle » et le petit dernier, le « Die With Honor » dont le single à été distribué gratuitement lors du Magic Circle Festival.

Alors je pourrais conclure en disant simplement que ce double cd est très certainement le meilleur live jamais pondu au monde. Mais je ne l’écrirais pas, uniquement parce que mon devoir de réserve de chroniqueur ne me le permet pas.
Je ne l’écrit pas. Mais je le pense très fortement.

Et c’est à présent l’heure de conclure cette chronique, en m’agenouillant devant cette nouvelle offrande faite à la reine des musiques.

« Glory. Majesty. Unity.
Hail. Hail. Hail »

Imm3moria : au pied du mur

Salut toi.

Ouais, je sais, on me demande souvent ce qu'il s'est passé avec Imm3moria. Alors, sache le ici : non, je ne me suis pris le chou avec personne. Je n'ai détesté personne et j'ai laissé sur le site beaucoup d'amis (qui ne le sont -apparemment- plus, mais bon, passons).

J'ai simplement voulu tourner la page, comme je le disais. Voir si l'herbe est plus verte sur le près d'en face.

Je crois que ce qui gène tant, c'est le fait que nous nous soyons expliqués, avec les gars de la rédac, en interne, et que rien n'a été dit sur le forum public.

Histoire de jouer la transparence, je joint ici, le texte que j'avais envoyé en intra. J'insiste sur le fait que je suis très fier d'avoir participer a l'aventure. J'ai vraiment aimé Imm3moria, sa rédaction, ses aventures, l'appréhension des interviews et les galères de concert.

J'espère juste que les autres membres de la rédaction gardent le bon coté de ces souvenirs, comme je le fait.

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« Sur une échelle de temps suffisamment longue, la durée de vie de toutes choses retombe à zéro ».

J’ai toujours beaucoup aimé cette citation de Fight Club. Non seulement parce qu’elle est atrocement véridique et aussi parce qu’elle reflète un mal de vivre à la fois stigmatisant et nécessaire.

Et oui, toute chose s’arrête un jour ou l’autre, et aujourd’hui, ce post vient signaler l’arret total de mes fonctions au sein de la rédac d’Imm3morioa mais aussi de celles de Manus qui partage avec moi cet écrit, son post et les responsabilités qui en ressortent.

Ouais, ouais. Je vous voit déjà vous énerver contre nous, vociférer la bave aux lèvres en nous traitant de tapettes, de connards ou encore d’emo (ouais, enfin, faut quand même pas pousser là) ou bien vous en battre l’os du tibia gauche, en toute simplicité. Mais, mes chers amis, confrères et néanmoins compatriotes qui cherchent en vain un sens a cette phrase, les faits sont là.

Je part. Manus aussi. Point.

Alors, ouais, je pourrais déblatérer des heures sur ce qui motive nos départs mais ce serait faire un bien long post et accorder bien de l’attention a un fait insignifiant qui n’en réclame pas tant. Je vais plutôt exposer ce qui NE nous motive PLUS : le webzine.

Oui, je sais, ma contribution, machin, ce qui a été fait tout ça… Je parle en mon nom, mais, bien évidemment que tous les éditos, les chro, les live reports et les entretiens que je devais au zine peuvent etre gardés. Même ce qui a été fait sur le forum, même ce qui a été fait en intra pour le retour du site. Ca ne me dérange aucunement.

Je me réserve le droit, cependant, de faire profiter d’autre zines potentiels de mes écrits sur des enregistrements m’appartenant (bon, yen a pas des masses peut être, mais je pense que c’est mon droit le plus strict).

Ya eu des bons moments. Yen a eu des moins bons. Je ne regrette rien et j’espère que vous non plus.

Maintenant, Imm3moria, Je te fais un dernier adieu avant de prendre ma pelle rouillée et de te recouvrir de cette terre que j’ai tant foulée.

On se revoit en Enfer !

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INTERRIA // MCD 2006


De prime abord, INTERRIA donne une impression de rigueur, de modernité et de perfection. Un son épuré de tout grain, une voix claire et des compos (téléchargeables gratuitement en ligne) bien carrées. Rigueur jusqu'à la pochette, d’un blanc immaculé, simplement orné par des ajouts graphiques angulaires. Rigueur, modernité et perfection.

Mais pour écouter ce mini-opus prometteur il nous faut tout d’abord faire très attention. Après avoir pris une bière (blanche, de préférence, comme la Blanche De Chambly) et avoir mainte fois tourné le boîtier devant nos yeux curieux, il faut mettre les choses au clair.

De deux choses l’une.

Ouverture d’esprit tout d’abord. Il en faut pour aborder INTERRIA de la meilleure façon. La formation française officie dans un registre délicat, celui du Metal Industriel mâtiné de sauce électro. Et pour corser le tout, INTERRIA s’offre les services d’une chanteuse à la voix claire et mélodique (l’ex-Dying Tears : Jennie Signorino).

Fraîcheur ensuite. Oui, fraîcheur. Le Métal Industriel que nous offre INTERRIA est rafraîchissant, et ce, dès les premiers riffs de Mindustrial. Voila ce que vous allez découvrir dans ce mini cd.

Mindustrial est sans conteste à mes yeux le meilleur morceau de l’opus. Une attaque a base de riff agressifs accompagnés de sons électroniques savamment distillés. La voix de Jennie Signorino est claire, posée et très travaillée. Elle se greffe parfaitement au premier morceau du mini opus. La compo est très bien pensée et fait penser a certains morceaux de Mass Hysteria. Riffs agressifs donc, mais mélodie vocale accompagnée par une seconde voix très agréable. Le tout pour terminer sur une note positive. Renaître de cet enfer. Sortir. Respirer. C’est a cela que fait penser Mindustrial.

L’électro est maître de l’introduction du deuxième titre, « L’Impact ». Jusqu'à l’arrivée des riffs, là encore suffisamment agressifs pour ne pas être laissés de coté.

Jennie Signorino prouve ici qu’elle sait chanter sur plusieurs registres. En effet, malgré sa voix mélodique et une ligne de chant plutôt restreinte, la chanteuse tatouée se dépatouille a merveille de ce morceau combinant le français et l’anglais et s’en tire avec les honneurs tandis que la musique et en constante évolution en arrière plan. Entre les riffs et les claviers de Julie Henau (ex Dying Tears là encore) qui cartonnent, le bridge très bien pensé et la conclusion, il est difficile de savoir ce qui est le plus agréable dans ce morceau.

Le troisième titre, « Splendide unité » est partagé entre le calme des couplets et l’agressivité des refrains ou les guitares de Xavier Defonte (ex 7Th Nemesis) et Stef Montiel (ex-Dying Tears) s’en donnent a cœur joie. Je déplorerais juste que ce morceau fait la part belle a l’anglais (même si la langue de Molière est présente par instant) alors que le groupe se débrouillais très bien avec le français uniquement. « Splendide Unité » est également la compo la plus construite de l’opus. Ce n’est pas pour nous déplaire.

Le chronique ne serait pas complète si je ne mentionnais pas la splendide introduction d’ « Abrasif ». Le morceau lui-même attaque sur la voix qui nous entraîne jusqu'à un pré-chorus de toute beauté exécuté a la guitare. Le refrain explose dans le chaos engendré par INTERRIA. Le groupe prouve ici qu’il assure. Difficile encore une fois de départager ce qui est le plus plaisant a l’oreille. Tous les musiciens s’en tirent avec les honneurs.

Du très très bon. Notons l’excellente prestation de Franck Metayer (Ex- The Old Dead Tree) sur la majeure partie du morceau. La partie rythmique (qui comprend également Fabien Calmont) y est d’ailleurs mémorable. Le bridge calme explose brusquement dans une mélodie emmenée, là encore, par Jennie Signorino qui se relève être une chanteuse pleine de ressources.

Un très très bon début finalement, en espérant un album qui prouvera que les INTERRIA savent innover même dans leur propres compos car si ces quatre titres là sont très bons de toute évidence, ils se révèlent trop peu contrastés au fur et a mesure des écoutes. INTERRIA reste un groupe très prometteur. Gageons qu’il faudra garder un œil sur eux, car leur envol ne serait tarder.

vendredi 12 février 2010

ABYSSE // Eights Hour Before Dawn


Hop, la démo d’Abysse est enfin dans ma boite aux lettres. Mont-joie !


Le groupe de Maine-et-Loire est né fin 2004 sous l’impulsion de 4 amis voulant faire de la musique, et c’est deux bonnes grosses années aprés que le groupe enregistre  « Eight Hours Before Dawn » , la présente démo, contenant 8 titres. Au menu, de l’expérimental flirtant avec le progressif (et un peu avec le Death m’est avis) et pas de chant. En effet, si le groupe délivre sur scène tout le contenu musical acquis, il est également à la recherche d’une partie chant.


Ouais, ouais, bon. Une Leffe 9 pour m’écouter ça. Hop.

La mélodie délivrée par le groupe est vraiment très efficace, c’est la première constatation quand débarque «  Full Moon », le morceau d’ouverture de la démo. Ouais enfin, avant que la gratte soit rejoint par la batterie et les autres instruments, moment où on se rend compte que le son est vraiment pas génial. Mais bon, c’est une production maison et donc on oublie vite ce genre de détail. Surtout devant la qualité des compos du groupe. Car en effet, si «  Full Moon » commence sur une mélodie lente et captivante, c’est pour mieux exploser par la suite. Les riffs s’affolent, la composition change plusieurs fois de tempo, nous fait découvrir plusieurs paysages avant de retomber sur ses pieds. 

Abysse tente de délivrer un contenu émotionnel fort en exprimant un métal ambiant et expérimental et y parvient plutôt bien.

Schéma apprécié et manié avec brio par le groupe, la composition mélodique qui éclate soudainement leur est visiblement cher au cœur «  Maladive et Cérébrale », « Simple Exécutable », « La mémoire de l’eau » mais les riffs énervés entrecoupés de mélodies claires également («  Luxure » )Si «  Promesses) » nous entraîne avec des riffs orientaux, elle nous rappelle aussi quelques morceaux du groupe culte Death. 

Les riffs et les bridges sont la dessus assez conséquent je trouve. «  Shaman ) » clôture l’opus d’une façon simple et efficace, avec un riff brutal et une batterie omniprésente.


Si ABYSSE se dit actuellement a la recherche d’un chanteur, je pense vraiment que le groupe a beaucoup d’ambition et de possibilités, et l’absence de cet élément pourtant important ne se fait pas sentir. 

Les compositions sont efficaces et bien pensées, les riffs suffisamment entraînants et les musiciens très a l’aise (surtout Sébastien )qui écrase de nombreux batteurs amateurs). Cette démo est donc inévitable (et gratuite au téléchargement, sur ce lien ). La formation, elle, est à surveiller de très très près en attendant son explosion, imminente.

lundi 8 février 2010

DOMINE - Emperor Of The Black Runes



Je l'ai souvent dit, mais moi, je suis très sensible a la cover et a l'interieur des opus que j'ai l'honneur de chroniquer.

Puis - et je l'ai déjà dit également – il suffit parfois d'un rien pour faire d'un banal opus un véritable bijou.

Prenons par exemple cet opus « Emperor of Black Runes » de DOMINE, excellent groupe de Heavy Italien connu pour sa passion dévorante de l'Heroic Fantasy.

Evidemment, la cover ne parlera peut-être pas au premier venu. Mais si on veut apprécier a sa juste valeur cet opus, il nous faut l'analyser.
Et oui, car si ce qui peut ressembler -de prime abord- a un vague guerrier elfe un peu stone est en fait une représentation d'Elric de Menilboné, héros tragique du cycle écrit par Morcock et dont la lecture ne vaut que si elle est accompagnée par la lecture des autres cycles du Héros Eternel, notamment celui de Corum.

Mais revenons a Elric, dernier descendant d'une lignée royale, régnant sur un pays renfermé et sur un peuple imbu de lui-même, les menilbonéens. Elric, dernier détenteur d'une magie dangeureuse, risquée mais également très puissante, parcourt le monde a la recherche de son identité, de sa vraie nature qu'il ne reconnaît pas chez ses pairs.

Dans le monde violent des Jeunes Royaumes il sera accompagné de son éternel compagnon, Tristelune mais surtout -et pas des moindres- de Stormbringer, épée démon runique dotée d'une personnalité propre, buvant l'âme des adversaires d'Elric et lui transférant leur force (représentée également sur la cover). Et c'est là que c'est marrant puisque qu'Elric, jeune homme très malade au sang faible ne pourra jamais se défaire des dons vitaux de son épée maudite, tuant ses propres compagnons pour subvenir a ses besoins contre sa propre volonté, infligeant au jeune homme un véritable déchirement a chaque meurtre qu'il doit - en plus – offrir a son dieu Arioch, en hurlant la phrase culte «du sang et des ames pour Arioch».

Pourquoi je parle de ça ?
Parce que a la vue des titres et de la cover, il paraît évident que quelques notions d'heroic fantasy ne sauront pas de trop pour l'écoute de cet opus.

D'ailleurs, je me sers une Hobgobelin de ma reserve pour l'occase.

Musicalement, DOMINE domine son sujet (muahaha, elle était facile celle là), oeuvrant dans un efficace Heavy Métal sans concession, avè des envolées de solos qui pètent la cheutron a ton cousin Martin («Arioch The Chaos Star», «The Song of the Swords», ou encore «Icarus Acsending»). Si les gratteux honorent leur style de prédilection, il en est autant du chanteur, en mettant un bon crochet dans l'estomac plein d'un Dickinson ou d'un Adams, prouvant sa maitrise a de nombreuses reprises.
La qualité de la formation et de ses compos et tout simplement indéniable et devrait réellement contenter n'importe quel fan de Heavy Metal. Cet album, en tenant compte de tout cela est réellement un très bon album qui pète les rotules à mémé dans les orties fraîches du matin ce qui, et vous en conviendrez, est une bien jolie fin de phrase.

Mais c'est pas si simple.

Et c'est là qu'on aborde le sujet du « petit truc en plus qui tabasse », LE petit détail qui différencie cet opus et la grande, l'immense majorité des très bons opus de Heavy et de l'excellence faite disque. Et ce petit truc n'est -ni plus ni moins- que le morceau «The Aquilonia Suite».

Les plus fans d'entre vous auront probablement devinés qu'il s'agit d'un morceau consacré a Conan, héros barbare cimmérien qui naquit sous la plume d'Howard et dont il fut tiré un excellent film (et un navet qui lui fit suite) dans lequel joua l'actuel Gouverneur de Californie.

Mais, si les paroles décrivent le formidable destin de ce barbare devenu Roi, la musique elle, tout en restant dans un -très – efficace registre de Heavy Métal reprend TOUS les thèmes musicaux du film, composés par Basile Pouledoris pour les inclurent dans ce formidable morceau.

Attendez, je le re-écrit parce que même ainsi j'ai du mal a le saisir.

Ce morceau sur Conan reprend les thèmes musicaux du film Conan.

Des thèmes musicaux épiques, incroyablement efficaces et d'une redoutable qualité. Le morceau entier vous met une pêche incroyable pour peu que vous soyez adepte du Cimmérien.

Alors bien sur, je pourrais m'attarder sur l'indéniable qualité de «Forest Of Light», de «Battle Gods », de l'excellent «True Believer» ou de tout les autres morceaux de l'opus qui tous, tous sans aucune exception, hissent l'album au titre d'excellent opus de Heavy.

Mais je voulais réellement que lecteur lambda, c'est a dire toi, mon cher ami, comprenne l'excellente qualité de cette pièce dantesque qu'est «The Aquilonia Suite », véritable petit bijou qui trouve parfaitement sa place dans ce chef-d'oeuvre de Heavy Metal, a écouter a tout prix, que l'on soit adepte de Heavy ou simplement épris d 'Heroic Fantasy.

19.5/20

vendredi 5 février 2010

EPHEL DUATH - Pain Necessary To Know


« The Painter’s Palette » était un bijou de la musique extrême expérimentale.

Après de nombreuses écoutes le disque restait toujours aussi parfait a de nombreux auditeurs et c’est peu de temps après que la formation sortit l’énorme « Pain Necessary To Know ».

Hop, une Hobgobelin pour m’écouter ça.

Comme de coutume avec les EPHEL DUATH, rien n’est laissé au hasard. Aussi, si la traduction du titre de l’opus peut déjà donner une piste au potentiel auditeur, gageons que l’artwork, malsain et glauque à souhait saura également présenter au mieux le contenu de l’opus.

Mais rappelons-nous.

EPHEL DUATH proposait sur le formidable « The Painter’s Palette » un détonnant –et unique- mélange de freejazz et de metal extrême. Une espèce de mélange entre des mélodies claires, aérées, et de la musique brutale, un chant clair et des hurlements de possédé.
L’auditeur, pris au dépourvu à la première écoute, se basait rapidement sur les mélodies et suivait le chant pour trouver ses premiers repères dans l’album, avant d’en comprendre les changements et les complexes structures illogiques.

Hors, il se trouve justement que, Tolomei ayant quitte le groupe, le chant clair est désormais absent de la formation. Mieux, sur ce « Pain Necessary To Know » la musique des EPHEL DUATH est devenue plus « brutale », plus « épurée » des sonorités qui, sur « The Painter’s Palette », amenaient une certaine clarté à l’opus. Ce qui faisait que le disque restait abordable sans être forcément un adepte de la musique des Italiens.

Mais, définitivement, ce « Pain Necessary To Know » n’est absolument pas abordable par le tout venant. Tout y est plus brutal, plus compact. Même le son est plus gras, plus poisseux, les hurlements y sont encore plus agressifs qu’auparavant, constamment sursaturés.
D’ailleurs ils n’obéissent plus à aucune logique, étant utilisés comme instrument à part entière et plus comme simple accompagnement, d’ailleurs, à de nombreuses reprises, on s’en passe tout simplement , le propos résidant dans les compos.

Des compos noires, sublimées à l’extrême et sans temps morts. Des compos bien plus denses et travaillées que sur « The Painter’s Palette » et qu’il vous faudra écouter encore et encore pour en saisir toutes les nuances.

La souffrance sera nécessaire pour apprendre à apprécier ce disque.

Et quel disque !

Probablement l’un des plus extrêmes et expérimentaux possible, un fabuleux enregistrement qui donne une suite logique, quoique bien plus extrême et noire, au bijou qu’était « The Painter’s Palette ».

Avec ce nouveau bijou, les EPHEL DUATH écrasaient net tout sur leur passage.

A ne pas mettre entre toutes les oreilles, mais à écouter d’urgence et uniquement si vous êtes passés auparavant par la case "The Painter's Palette", au risque de passer a coté de cette énorme suite.

mardi 2 février 2010

PIN-UP WENT DOWN - 2Unlimited




Si on se met debout sur un pic rocheux au bord de la mer qui longe La Garde dans le Var, on peut, aux alentours de une heure du matin, confondre le ciel et la mer.
Durant un bref instant aux confins du réel, un insaisissable moment onirique le ciel, la mer, le monde aux alentours ne sont plus. Il n’existe plus que le bleu-gris brumeux qui vous ôte toutes notions de haut, de bas, de réalité ou de rêve. Durant ces moments là, on en vient même à douter de sa propre existence.
J’ai jamais vu la mer du Nord. Je ne suis pas monté dans un métro bondé de ma vie. Et j’ai jamais suivi le soleil durant toute une journée pour trouver sa cachette ni remonté à la racine d’un arc-en-ciel.
Mais malgré ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu et l’immense majorité de choses que je n’ai jamais faites, il y a une chose que je sais.
De temps en temps, y’a un mec…
De temps en temps, y’a un mec…
Un mec qui est parfaitement à sa place. Un gars qui ne sait pas forcement ce qu’il fait ni comment il le fait mais sa présence est tout simplement nécessaire pour faire avancer le reste du monde. Un peu comme les PIN-UP WENT DOWN dans le paysage musical français.

Et ouais, j’ai écrit « Musical » et pas « Métal ». Parce que même si les deux membres de la formation originaire de Rouens évoluent dans la sphère dite « Métal », les influences, les styles musicaux et l’ensemble même de ce « 2 Unlimited » les poussent bien au-delà du simple clivage Métal.
Mais revenons sur la formation, composée de deux membres, la vocaliste (très douée au demeurant) Asphodel (Penumbra) et le multi-instrumentiste Alexis Damien pour lequel je ne ferais pas l’affront de citer ses anciennes formations, tous styles confondus. ..

Bon d’accord mais qu’une alors, les cultissimes Carnival In Coal.

Et ben oui… Les compositions de PIN-UP WENT DOWN ne peuvent s’attacher a un style. Même si le Métal est le dénominateur commun de la majorité d’entre elles et reste très fortement marqué (« Esthete Piggie », « Nearly Dead Bat Make-up », « Be My Idol The My Fall ») ce n’est plus du tout le cas sur d’autres (« Pussy Worship », « Feat.Me/Feat Us », «Human Beat-box Deluxe »). Et même quand certaines compos ont l’air d’être bien parties sur des voies connues, c’est pour mieux en déstabiliser l’auditeur et atterrir sur des terres ignorées (« Cadavre Exquis », « Get Ready To Sweep »).
Du coup, toutes les règles, tous les codes musicaux sont bouleversés et l’auditeur peu attentif peut facilement se perdre dans ce dédale de musique, même si, au final, les structures sont relativement faciles à comprendre, laissant filtrer sur les moments calmes plus d’émotions que sur les envolées violentes.

Les émotions, Asphodel parvient avec brio a nous les transmettre grâce a une voix très travaillée et pouvant passer du chant très lyrique (« Intrusion », « Serie Z ») a des moments plus pop, dans lesquels elle fait généralement un parfait bourdon alors que la guttu (peu rocailleuse mais très pro par ailleurs) se fait plus présente (« Esthete Piggie »).
Clairement, l’ensemble des compos est parfaitement travaillé, ne laissant pas la place a de l’à-peu-près. Très efficaces et implacables quand le besoin s’en fait sentir, elles savent se montrer plus aérées a d’autres instants. Très inventive, la formation n’hésites jamais a exploiter un style au détriment d’un autre, lorgnant chez le jazz, dans la pop ou les musiques plus classiques, bien plus proche du médiéval ou même du bal musette.
Ce point-ci, bien plus que les autres, suffit a ne pas parler de Métal uniquement.

Ouais mais alors, j’ai voulu dire quoi dans mon introduction, a part faire un clin d’œil cinématographique que moi seul ait saisi ?

Simple, avec peu de moyens, pas (ou très confidentiellement) de distribution, PIN-UP WENT DOWN prouve a tout le monde que la création originale en musique reste tout a fait faisable. Loin des soupes conditionnées, a milles lieux des artistes formatés, entre réalité et fin de tout, juste là, dans ta platine, PIN-UP WENT DOWN te met une bon gros coup de savate au cul.

Emancipation musicale ?

Ce qui est sur, c’est qu’a présent, il est évident que la musique des PIN-UP WENT DOWN est appelée a évoluer. Le groupe vient de recruter des musiciens pour promouvoir en live leur opus et leur prochain enregistrement devrait être –si cela est possible- encore plus intéressant.

Alors, forcément, je ne parle pas de messie du Métal. Les PIN-UP WENT DOWN ne se posent pas comme un groupe incontournable et n’en n’ont pas la prétention (et c’est très agréable). Seulement voila : ils sont là.
Pied de nez sans équivoque a ceux qui font de la merde insipide tout en se prenant la queue pour la sentir enfler, un opus a posséder absolument si tout ce qui est expérimental et qui sait sortir des sentiers battus sans jamais y revenir ne vous effraie pas.

(Chronique réalisée pour Imm3moria)

Yephan Rassa

Je me nomme Yephan Rassa. Je viens de la ville de Ulgeriel.

Si je note ces informations par écrit, c’est que j’ai souvent peur de me réveiller un jour chez ces sauvages en ayant oublié mon passé.

Yephan Rassa. Je suis l’apprenti de Ulgrabath Nomsolè, le xénologue très connu chez les miens.

J’ai toujours été intéressé par les peuples étrangers, mais n’en avait jamais approchés…

Jusqu’aux Koriaks…

Des êtres stupides, ne possédant aucune connaissance pratique. Ne sachant manier l’acier, ne maniant aucun talent politique. Des animaux sauvages, violents et aveuglés par leur folie.

Comment était-ce possible ? Comment déchaîner une telle force, comment être si bestial envers des étrangers ? Les hommes sont des masses amorphes de muscles, bestiaux, primitifs et violents.

La plupart chez nous seraient déclarés instables et abattus. Nous étions six pour maîtriser notre premier sujet, afin d’expérimenter sa résistance. Et nous étions stupéfaits de voir les souffrances que cet animal pouvait supporter avant de mourir – je n’ose dire « rendre l’âme ».

Depuis, les femmes ont montrés qu’elles maniaient d’étranges forces, peut-être même de la magie puisse la providence me venir en aide !

Quand je pense aux tests qu’Ulgrabath leur fait subir...

Yephan Rassa, de Ulgeriel. J’espère revoir un jour ma terre, sain de corps et d’esprit.

Dernières Confessions

"Shub Niggurath goat with one thousand young”
Morbid angel, Angel Of Disease


Je sais que les personnes proches de moi croient que Cecile Waite est morte. Je sais bien que son cercueil est enfoui sous la terre et je peux affirmer que son corps s’y trouve bel et bien. Je peux cependant prouver que Cecile n’est pas vraiment morte, ni tout à fait vivante.
J’ai rencontré Cecile à la fac. C’était une jeune américaine arrivée depuis quelques années en France et faisant ses études dans les environs de Toulon. Ses cheveux étaient d’un blond innocent et atteignaient le milieu de son dos. Son regard noir et éternellement préoccupé semblait fouiller mon âme et la mettre à nu. Son visage semblait de ceux dessinés dans un fragment de rêve. Elle était grande, ses seins paraissaient doux et tendres et sa voix était comparable à celle d’un ange. Nous nous sommes croisé un après-midi à la bibliothèque et avons rapidement sympathisé. Nous avions le même goût pour les vieux livres, la même passion pour la solitude et le même dégoût pour l’humanité.
Physiquement, j’étais tout son opposé : brun, plutôt petit, les cheveux longs et pas spécialement beau, je ne me rasais pas et cernait de khôl mes yeux verts. Je parlais très peu, préférant à la parole inutile le bruissement du vent dans les feuilles, lassé de la stupidité de mes contemporains, de leur inutile quête de l’amour et du bonheur parfait, de leur peur et de leur aveuglément quand à leur propre fin. La mort ; définitive et sereine. Je m’offrais, quant à moi, à cette femme, cet amant aux visages multiples, les cicatrices sur mes poignets étant autant de promesses de fiançailles.

Sur son passé, Cecile était très discrète. Elle évoqua être originaire d’une ville côtière. Elle ne parlait que très rarement de sa mère, et pas du tout de son père. J’apprit à présumer leur décès et a ne pas poser de questions, même si d’étranges ragots se répétaient dans l’ombre a son sujet, sans doute a cause de sa solitude. On parlait d’un vieil homme et d’un pacte. On la disait soit sorcière, soit folle à lier. J’en riait avec elle, ayant moi-même une réputation des plus sulfureuses. Je me rends évidemment compte à présent de ma stupidité et l’envie de sourire de ma naïveté me prend souvent.
Las je ne peux plus sourire ici.
Nous avions rapidement décidé pour des raisons économiques, de partager un même appartement et trouvâmes notre habitat dans le vieux quartier de la ville voisine, la ville de La Garde. Notre logement était composé de trois pièces dont une nous était commune. J’aimais y traîner et j’en savourais l’ambiance, à la fois nostalgique et très palpable. Le quartier était très pittoresque et j’aimais m’attarder sur telle ou telle masure. Cecile Waite était très discrète et hormis les cours et les trajets pour s’y rendre, nous étions rarement ensemble, même si les autres étudiants pensaient que nous étions amants. Et des amants, Cecile en avait par dizaine chaque mois. J’entendais leurs rires depuis ma chambre, leurs gémissements alors que je révisais mes cours, je sentais leurs sueurs alors que je m’endormais et imaginais leurs jeux dans mes rêves. Je la laissais tous les soirs avec un, voire plusieurs hommes, follement excitée et joyeuse, et la retrouvais tous les matins seule, muette et presque éplorée. A cette époque, j’aurais tout fait pour être à la place d’un de ces hommes, pour sentir sous mes doigts la chaleur de l’envie et l’excitation du désir. Je me serais damné pour la voir par leurs yeux alors qu’ils se la passaient de l’un à l’autre pendant des heures.

Cependant malgré ses folles nuits, Cecile était l’une des meilleures élèves de ma connaissance. Elle étudiait beaucoup et passait des heures dans de vieux livres poussiéreux aux couvertures abîmées par les sables du temps. Leurs titres étaient énigmatiques. « Le Livre D’Eibon », « Unaussprechlichen Kulten » n’étaient que les moins étranges. Puis arriva ses vingt-deux hivers et Cecile changea du tout au tout. Délaissant ses nuits agitées, elle les passa à étudier, de muette elle passa à bavarde, si bien que je me surpris à la redécouvrir et à l’aimer, passionnément. Et, coup du destin, elle me rendit mon amour, me plongeant dans ses yeux et me perdant dans son corps.
Un autre de ces changements s’opérait tous les week-ends. En effet, tous les samedis à quatorze heures, Cecile se promenait dans la vieille ville, seule, et n’en revenait qu’à la tombée du soir si bien que j’en vint à me demander quelle était sa destination et la suivit, par un bel après-midi de janvier.
Je me rappelle encore cette journée. Le soleil brillait haut dans le ciel bleu de la Provence, des oiseaux profitaient du beau temps, les amoureux se tenaient par la main en flânant, parlant sûrement de leur future vie commune ou de leur vie sexuelle entre deux rires et quatre baisers. Et Cecile. Elle marchait doucement, semblant profiter de la journée, du soleil ou du bonheur gluant qui nous entourait, de cette pitrerie mielleuse et naïve m’obligeant à sourire à mon tour tout en suivant ma maîtresse jusqu’au sommet de la vieille ville. Là où se dressait une ancienne chapelle médiévale, au sommet d’un énorme pic rocheux.
Je vis Cecile rejoindre un homme puis l’embrasser, à ma grande stupeur. Et quand le couple s’allongea à l’ombre d’un olivier, profitant de l’abri sûr d’un rocher, je crus devenir fou de douleur. J’allai me lever pour m’expliquer avec les deux traîtres mais quand je vis Cecile sortir de la cachette qu’offrait la masse du rocher, je regagnais la mienne. Elle avait un air horrible qui m’effraya plus que tout. Elle avait l’air heureuse et, Dieu me pardonne, repue comme si elle venait de finir un festin frugal.

Quand elle fut partie, je ne put m’empêcher d’aller voir ce que cachait ce maudit rocher. Comme je regrette à présent ma curiosité, qu’on ait pitié de moi ! Il ne restait de l’homme qu’un immonde tas d’os et de viscères, qu’un corps dépecé et des os rongés pendant ce qui n’avait dut être qu’une minuscule poignée d’horribles secondes. Des secondes qui bouleverseraient ma vie à tout jamais. L’odeur qui s’échappait du charnier nauséeux manqua de me faire défaillir.
Et je courus. Je courus de toutes mes forces, espérant arracher de mon esprit l’image de cet homme à moitié dévoré, voulant distancer celle de ma maîtresse repue, Mon Dieu, repue comme après un énorme repas, espérant oublier la douceur de la nudité de cet être qui me chevauchait dans son lit… Quand je m’arrêtais de courir, j’étais dans un petit champ, derrière la voie ferrée et juste devant un hangar désaffecté recouvert de graffitis idiots et puérils.

A mon insu, je vomis, me rendant compte que je n’avais pas réussi à effacer ces souvenirs de ma mémoire. Je partageais depuis bientôt un an ma vie avec un monstre auquel je faisais souvent l’amour et me rendais ivre de plaisir à chacune de ses étreintes charnelles. Me relevant, je décidais d’en finir avec cette chose, quelle qu’elle soit, et fouillait les décombres pour me saisir d’une vieille barre de fer rouillée.

A présent, je regrette ma décision, unique cause de mon emprisonnement et de mon oubli. Comme je m’en veut de ne pas avoir réfléchis ou mieux planifiée mon action…
Quand je retournais à l’appartement, il faisait nuit. La vieille ville semblait pourtant déborder d’énergie, comme si ses habitants profitaient de l’obscurité pour vivre, pareils à des parasites devant cacher la nature de leurs horribles méfaits de la lumière du jour. J’entendais des amis criant devant un de ces stupides matchs de football stériles. Vains efforts pour redonner l’espoir au peuple, détourner leurs regards nombrilistes de l’odieuse face miséreuse d’un monde à l’agonie où un homme peut tuer son frère en ayant mal interpréter un geste de l’homme habillé en bleu, en rouge ou en vert. J’entendais un couple d’amoureux aveugle de bonheur, gémissant au grès d’un coup de rein plus ou moins puissant, seuls au monde dans leurs étreintes langoureusement inutiles. J’entendais un homme invectivant sa femme et la frappant, lui reprochant une idiotie quelconque, ivre et violent. Sans respect pour la douceur de cet être lui ayant pourtant donné tant de chaleur et de bonheur.
Cette douceur voulant à présent mourir, sa honte l’étouffant, sa tristesse et sa peur l’égorgeant comme un énorme cochon se dévidant de son sang, prompt à nourrir quelques marmots pour que ceux-ci puissent grandir et se reproduire. Entretenant au fur et à mesure cette odieuse Humanité, larve gluante annihilant tout sur son passage, ne laissant miettes de ses destructions ou de ses méfaits et n’ayant aucune honte à commettre les pires atrocités. Jamais dégoûtée d’elle-même et fière de son existence.

Cecile m’accueillit comme à son habitude, c’est à dire, sans m’accueillir, probablement dans la salle de bain vers laquelle je me dirigeais, mon arme de fortune dans les mains. Mais quand je rentrais dans la pièce, personne ! Je me retournais pour apercevoir Cecile arborant un fier sourire, et je vis dans ses yeux que tout était déjà perdu.
Lorsque je lui passais la barre à travers la tête, pensant la prendre par surprise, je mettais en fait la dernière pierre à un plan maléfique dont j’étais la victime et lorsque le corps de cette infamie innommable qui était ma maîtresse s’affaissa sur lui-même j’étais déjà en train de hurler, sentant une sourde douleur me vriller le cerveau et déchirer ma raison. Un infime instant, je compris tout. Je connu le pacte horrible passé dans une ville honnie. Le commerce avec des horreurs venues de la mer ! Iä ! Ephraïm et Asenath Waite. Le mal vivait encore ! Son plan avait marché à la perfection. Tout cela pour ne plus traîner son odieuse réputation derrière elle ! J’eut une conscience aigue de ce qui attend dans l’Ombre des Temps, et de leurs milliers de fanatiques. Puis, plus rien. La seule vision que je pouvais avoir était celle du plafond de l’appartement et la seule sensation celle d’être dans l’incapacité de bouger mon corps. Mon cerveau lui, reprenait sa place, le souvenir d’Ephraïm – Cecile ! Cecile !- Waite disparurent petit a petit. Puis, une silhouette s’approcha de moi et je compris que c’était mon propre corps que j’observais. Par je ne sais quelle manipulation cette horrible créature avait réussis à m’emprisonner dans son corps, prenant le mien en échange !

Puis elle traîna mon corps –non, le sien ! Le sien !- loin dans la vieille ville alors que j’étais incapable du moindre mouvement –forcément, j’étais mort !- mais uniquement d’observer ce qui fût la découverte du cadavre de mon ancienne compagne par un clochard. Puis tout alla très vite. Je suppose que Cecile s’est fait innocentée, je ne l’ai plus revue depuis car on me ferma les yeux très rapidement mais je pense l’avoir entendue –entendu ma voix !- a l’enterrement.

Maintenant je n’entends plus rien et j’imagine que je suis enterré profondément sous terre. Mon cerveau ! Mon cerveau mon dieu, ça tire – ça cogne - ça griffe – cette diablesse – Ephraïm – Kamog ! Kamog ! Combien de temps me reste t ’il ? Cent ? Cinq cent ans ? Combien de temps vit une âme lorsqu’elle est prisonnière d’un corps qui n’est pas le sien ? Iä Shub-Niggurath, le Bouc aux Milles Chevreaux ! Pourquoi moi, qui n’aspirais qu’a mourir ? Mon Dieu, pourquoi moi ? Pourquoi ?

Jamais La Nuit



A Morphée, qui daigne si peu me prendre dans ses bras.


La nuit était froide, insipide et stérile. L’obscurité environnante semblait étouffer toute vie ainsi que les odeurs suffocantes de l’humidité chaude et noire inhérentes à la nuit. Benjamin errait au grès des rues de La Garde, observant les habitants dans leur sommeil innocent. Le bruit des chaînes accrochées à ses bottes stigmatisait le silence alors que son khôl commençait à fondre et que la sueur dût à la marche de Ben suintait de sa peau. Sa sueur. Son démon voulant fuir une enveloppe corporelle n’étant plus à son goût. Encore une nuit sans sommeil, encore une aube éveillée, l’insomnie de Ben était une malédiction que celui-ci traînait dans son sillage.
Les gens normaux, eux, dormaient de leurs « juste » sommeil, plongés dans des songes rédempteurs ou des rêves érotiques, ne pouvant pas se douter que Ben trottait dans les parages…Et Ben s’en félicita. Nombreux étaient ceux qui lui avaient d’ores et déjà interdit le quartier ayant sans doute peur que celui-ci ne donne quelques mauvaises influences à leurs bambins. Il n’était pas le bienvenu ici, plus depuis ce qu’il avait fait à Julie. Il y a un mois, Ben vivait une relation torride avec Julie, la petite Marçet. Son père était connu dans le coin pour avoir une entreprise de publicité florissante et voyait bien évidemment d’un sale œil le fait que son unique fille fréquente un solitaire aussi spécial que Benjamin Fossoit. On racontait d’étranges histoires sur son compte, et dans une ville telle que La Garde, les rumeurs vont bon train. Le fait que Ben aima sa solitude gênait les parents de bonne famille, toujours à l’affût des moindres faits et gestes du « petit Fossoit ».

Mais Ben était un solitaire, et un très beau garçon. Les filles du coin lui trouvaient un charme énigmatique et Julie était éperdument tombée amoureuse de lui, ne cessant de lui trouver du charme, tour à tour pour ses longs cheveux blonds lui tombant jusqu’au épaules, pour son piercing ornant sa narine gauche ou celui passant dans son nombril, pour ses yeux tristement noirs et profonds, vides de sens mais accueillant comme la mort. Ben scruta les milles étoiles du ciel en s’asseyant sur le capot d’une voiture. Julie n’était qu’une gosse… Pas physiquement, bien sûr, elle avait vingt ans et Ben se remémorait le temps où sa main caressait son corps si parfaitement féminin. La courbe de ses seins et de ses hanches valait tous les trésors du monde, et son humide et ultime repli intérieur était un des rares endroits où Ben se sentait rassuré, alors qu’une partie de lui-même se perdait dans l’océan de chaleur qu’était Julie.
Non, physiquement Julie était déjà une femme mais se laissant portée par des pensées puériles et insignifiantes et ses idées ou ses envies ne collaient pas à l’image que l’on peut se faire d’une vrai femme, telle que Ben la désirait. Les longs cheveux roux de son ancienne maîtresse flottaient encore dans les vagues de son esprit, sans cesse en reflux intérieur, mélangeant à cette couleur le bleu de ses yeux et la fraîche saveur langoureuse de son antre secret, le goût que Ben se surprenait parfois à ressentir dans sa bouche ou sur sa langue, la saveur qu’il ressentait en ce moment même, observant les étoiles et goûtant la solitude habituelle de l’éternel insomniaque vagabond.

Qu’est-ce qui n’allait pas, ce soir encore ? Benjamin s’était couché tard dans la nuit, bercé par le son craché par ses haut-parleurs. Evidement, les voisins n’appréciaient pas le goût immodéré de Ben pour la musique, surtout si tard, mais il s’en foutait. Benjamin aimait écouter la souffrance des paroles, la savante alchimie qui s’opérait lorsque la guitare et la basse rejoignaient les cuivres dans une furieuse vengeance envers la vie, si meurtrière, aveugle et sordide. Les groupes que Ben écoutait chantaient la mort, la nuit, l’amour impossible, et le temps qui s’écoulait invariablement entre ces trois composants ponctuant tour à tour cet immense suicide inutile appelé la vie. Ben trouvait un ultime réconfort dans ces groupes, s’isolant peut-être encore plus, et ne se trouvant aucune affinités avec les autres auditeurs, semblant blasés par le monde les entourant.
Ben, lui, n’était pas comme ça. Le monde lui plaisait bien, il aurait même pût l’aimer s’il n’y avait pas eût les hommes. Certains étaient comme Julie, d’une compagnie tout au plus enrichissante, mais la plupart était d’ignobles abominations, prompts à mille atrocités, n’ayant pour unique but que de s’enrichir sur le cadavre d’autres abominations afin de pouvoir se vanter auprès de leurs semblables de leurs méfaits, méfaits applaudit puis copiés par les dits camarades, renouvelant ainsi un cercle vicieux sans fin autre que celle de leurs misérables et insignifiantes vies et appelé « carrière ».
Mais cette nuit encore, la déchirante musique n’avait pût réconforter Ben et celui-ci s’était habillé et était sorti, une fois encore. La ville l’avait accueillit dans son humide chaleur de juin, la nuit le plongeait dans ses obscurs regrets, et son incessante amertume. Ben était habitué à ne pas dormir, ses longues ballades nocturnes lui laissaient le temps de réfléchir et de méditer, comme il le faisait ce fragile matin encore. Réfléchir à la tournure qu’avaient pris les événements. Mais malgré les sentiments qu’il éprouvait pour Julie, il ne pouvait nier l’évidence. On ne peut se mentir longtemps que si on le fait volontairement et Ben n’était pas dupe. Tout était fini.
Comment cela avait-il pût se produire ? Ben pourtant connaissait enfin les heureuses heures de sommeil, Julie lui apaisait les pensées et son corps nu réchauffait le lit et la vie nocturne du solitaire. Il lui arrivait même parfois de dormir dix heures d’affilées sans s’éveiller une seule fois. Ses songes, car il arrivait enfin à s’en souvenir, l’emportaient dans des endroits intemporels et inaccessibles où il rêvait de gigantesques orgies sanglantes où retentissait le glas spectral de la mort, nimbée de blanc et de lumière, libératrice souveraine d’un monde à l’agonie. Quand Julie n’arrivait pas à trouver le sommeil, elle lui passait savamment la bouche sur tout le corps, avant de l’avaler entièrement, lui et sa semence à peine éveillée, pour le chevaucher par la suite et le faire jouir une seconde fois.

Oui, Ben arrivait enfin à revivre et pourtant, tout était fini. Le commencement de la fin avait surgi sous les traits d’un jeune blondinet. Au début, Julie, qui l’avait croisé dans la rue, se moquait gentiment de lui. Mais très vite, Ben s’aperçût qu’elle s’était renseignée sur ce gosse. Son nom, son logement, ses habitudes et ses relations sexuelles. Tout se dégrada vite, bien trop vite, comme c’est toujours le cas dans ces situations. Le jour où Ben surpris sa maîtresse dans les toilettes d’un bar en train de faire l’amour avec le blond, c’était trop tard. Comme il était également trop tard pour contrôler cette furieuse envie d’arracher la tête du gosse qui avait ainsi forcé Julie à le suivre… Il lui cassa deux dents et une côte avant que Julie ne s’interpose et que la logique devienne enfin claire à Ben. C’était elle qui l’avait suivi, bien sur. Bien sur, elle en avait assez de Ben, de son humeur, de ses cheveux blonds, de ses piercings ou de ses chaînes. Assez de voir ses yeux noirs, vides comme un gouffre et froids comme la mort. Pourquoi agir ainsi ? Ben n’en avait pas la moindre idée, mais, obéissant à une envie impulsive et incontrôlable, il prit la tête de Julie et l’envoya rencontrer le mur des toilettes jauni par la fumée de cigarettes en un bruit terrifiant et avec une violence dont lui-même ne se serait crût capable.
Le résultat était l’hospitalisation de l’unique personne ayant vraiment compté aux yeux vides de Benjamin. Julie avait eût trois dents cassées –bien fait, la salope, elle sucera moins facilement à présent ! - et Ben ne se le pardonnerait jamais. Evidemment, elle ne lui adressait plus la parole et Ben évitait même de croiser la route de son ancienne maîtresse, mais pourtant il était, ce soir encore assis à scruter la fenêtre de sa chambre à coucher, au quatrième étage, cette chambre où il avait connu mille plaisirs charnels et en avait tant et tant donné. Et merde ! Ben craqua une allumette et s’alluma une clope. La fumée lui faisait l’effet d’une douce caresse chaude et mortelle. Elle pénétrait dans sa gorge, s’insinuait dans ses poumons, lui broyait le ventre telle une étreinte foudroyante et malsaine. Il cracha une épaisse fumée grise par ses narines et ouvrit la bouche en rejetant ce qu’il y restait. La fumée montait comme une essence purement diabolique et mauvaise droit vers la fenêtre de Julie. Vers ses volets jamais fermés et vers son grand lit accueillant où Ben imaginait Sa Julie, lascivement étendue, rêvant sereinement à un monde meilleur, sans hommes, sans guerres et sans murs de chiottes.

Négligemment, Ben remarqua que la Mazda des parents de Julie n’était pas à sa place, sans doute ceux-ci étaient partis voir des amis. Les parents de Julie s’absentaient souvent et avaient toujours quelqu’un à aller voir, une mamie dont s’occuper ou un employé à licencier. Ben s’étaient plusieurs fois laissé dire que les parents de Julie pratiquaient une quelconque forme d’échangisme, même s’il n’en avait jamais eu la moindre preuve. Imaginer le vieux Marçet observant sa femme – une grosse femme blonde décolorée aux immenses lèvres refaites- en train de se faire défoncer par un autre que lui était quelque chose qui le faisait beaucoup rire, et l’idée lui plaisait bien. Ben savait qu’à la suite de la lamentable scène du bar, Julie avait quittée le blond, qui s’appelait Gérard, et restait la plupart du temps enfermée dans sa chambre. Ben l’imaginait en train de lire –c’était une grande admiratrice de J.R.R Tolkien- de regarder la télé ou encore d’écouter Pearl Jam, son groupe de rock favori. Il supposait qu’elle devait se masturber de temps à autre, car depuis son adolescence, Julie appréciait beaucoup ce passe-temps, et se fumer un joint régulièrement, habitude prise au lycée. Voilà comment Ben, le solitaire insomniaque, supposait que Julie, la solitaire traîtresse, passait ses journées depuis sa perfide félonie, et pourtant, que les nuits étaient longues sans elle ! Il aimerait tant passer la nuit à ses côtés, ne serait ce que pour pouvoir enfin dormir et se laisser flotter dans des songes où il pourrait oublier ses erreurs. Il se leva du capot sur lequel il se reposait, écrasa sa clope sur ses bottes cloutées, respira un coup et repris sa lente et silencieuse marche, mais cette fois-ci, en direction du bâtiment de Julie.

La porte de l’immeuble était d’un vert pâle usé, rongé par la rouille et par des inscriptions faites au marqueur ou au crayon. Pour entrer dans le bâtiment, il fallait faire un code sur le clavier trônant aux cotés de l’interphone. Ben connaissait ce code, 6815, tapoté rapidement sur le clavier. La lourde porte s’ouvra, laissant place à un escalier obscur, puant la pisse chaude et les ordures. Benjamin monta les marches une à une dans l’obscurité, le bruit des chaînes rythmant sa respiration. Premier étage, puis le second, puis le troisième. La porte des Marçet l’accueilla au quatrième étage. Aucun bruit dans l’appartement, Ben tourna la lourde poignée. La porte était ouverte, signe que Julie attendait ses parents ou que ceux-ci, pensant rentrés tôt, n’avaient pas jugé bon de fermer à clé. L’appartement sentait la sueur et la tragédie. L’obscurité l’habitait mais Ben connaissait les lieux. D’abord un tour dans la cuisine pour prendre le grand couteau trônant au-dessus de la cuisinière, puis retour dans le couloir pour prendre la troisième porte à gauche, la chambre de Julie. La légère clarté de la pleine lune éclairait la pièce, Julie était étendue sur son lit désordonné, nue, un walkman sur les oreilles crachant une musique de rock. Ben l’imaginait comme une chimère, nimbée de pureté et de grâce et déjà, le sommeil lui fermait les yeux, la présence de Julie le calmait, l’apaisait, lentement mais sûrement…

Ce fut les policiers qui le trouvèrent, endormi sur un banc du jardin public, la tête sanglante de sa victime dans les bras, le sang coulant de celle-ci l’avait presque entièrement recouvert. Il fallut deux hommes pour le réveiller et le double pour le maîtriser alors qu’on lui enlevait la tête de Julie. Il hurlait que sans elle, il ne pourrait fermer l’œil.

Il la réclame encore aujourd’hui.

La Méthode Burton

Le professeur Burton n’était pas une personne susceptible de mourir dans des circonstances violentes. D’ailleurs, il n’était pas susceptible de mourir tout simplement, si ses travaux auraient pu être reconnus à leur juste valeur, ils auraient assurés à l’homme une gloire éternelle, et on aurait étudié son travail des siècles après sa mort.

Mais pourtant, le professeur Cliff Burton était bel et bien mort, sous mes yeux et de la plus horrible façon que l’on puisse imaginer. J’était en effet son apprenti, et si je pose ce récit sur papier, c’est pour être sur qu’il parviendra bien à quelqu’un, que l’on puisse témoigner que je ne suis pas fou.

Je n’ai rien imaginé. Et j’ai peur pour mon âme.

Le professeur Burton étudiait la psychologie des rêves, étant persuadé que ceux-ci reflétaient nos difficultés réelles. Il était convaincu que si, d’une façon ou d’une autre, les obstacles symboliques rencontrés lors de nos songes étaient vaincus, notre âme pouvait accéder a autre chose. Bien qu’il ne puisse vraiment savoir ce qu’il se trouvait au-delà. Que se passerait-il si tous les psychopathes, les fous dangereux, les violeurs et les pédophiles étaient libérés de leurs démons intérieurs ?

C’était l’expérience du professeur.

Grâce à mon aide et aux ressources financières du laboratoire, il fabriqua ce prototype de machine, cette chose tentaculaire censée représenter nos songes sur un écran vidéo. Il nous fallu des années de dur labeur pour mettre au point un tel objet. Le professeur Burton en avait trouvé les plans dans des ouvrages scientifiques, et les avaient complétés. Technologiquement je n’avais jamais vu son égal, mais Cliff, lui, semblait sûr de son projet. Voila une chose qui semblait réellement le motiver.

Il faut avant tout que je vous parle de Cliff Burton. Bien qu’étant un chercheur ingénieux et un scientifique surdoué, l’homme était également un être torturé. Lecteur assidu de Robert Howard, de Freud et de tout un éventail d’auteurs de tout horizons, le professeur avait grandi seul. Orphelin dès son plus jeune age, il avait du passer par un père adoptif le battant, un viol et plusieurs tentative de suicide.
Le destin semblait s’acharner sur lui mais son expérience n’en était que plus glorieuse. Un homme ayant tant souffert aller révolutionner le monde entier grâce à son étude des rêves. Si j’avais pu prévoir une seule seconde la tragédie qu’allait entraîner notre machine je l’aurais brûlée sur le champ.

Une fois celle-ci terminée, Cliff se mit au travail. Assis sur le siège du patient, relié a cette infernale invention a l’aide de sondes collées au crâne, Cliff étudia ses rêves. Il semblait croire que nous avons tous un rêve récurrent, noyé au milieu de centaine d’autre. C’était précisément ce rêve là qu’il voulait décortiquer.

Il le trouva, le localisa et s’attela à la tache deux mois seulement après la première mise en route de la machine. C’était réellement saisissant. La machine retranscrivait précisément sur l’écran ce que mon ami voyait dans ses rêves.
Son rêve récurrent était simple. Un homme en armure, portant une épée, se trouvait devant un immense donjon abandonné. Il s’y dirigeait, mais en chemin rencontrait un immense troll et se faisait déchirer par le monstre. Dieu m’est témoin, ce Troll, infâme, possédait les traits du visage du père adoptif de Cliff. Si bien que j’en fus horrifié.

Le professeur m’expliqua, amusé par ma réaction quand je vis la scène, que ce monstre représentait probablement le premier obstacle. Comme dans un jeu vidéo, il nous fallait franchir, ennemi après ennemi, le décor jusqu'à l’objectif final.
Il rajouta que la plupart de nos rêves sont très violents, ou très osés. Que nous ne nous avouons jamais réellement ce que nous rêvons, notre morale répudie certaines facettes de notre personnalité.
Grâce a la machine, nous pourrons enfin accéder a la personnalité entière de l’homme, ce qui semblait le faire jubiler.

Mon travail se résumait à noter ce que je voyais sur l’écran avec l’aide de Cliff, le sustenter et entretenir la machine. Le chevalier - que Cliff nomma Helgui - semblait toujours vaincu par le troll. Même si, je l’avoue, il me semblait que certaines passes d’armes changeaient au fur et a mesure. Cliff apprenait a maîtriser son rêve. Il essayait de feinter son adversaire, c'est-à-dire, son propre subconscient.

Plongé entièrement dans son expérience, Cliff ne bougeait plus de son fauteuil. Il ne se levait plus, sauf pour uriner, ne mangeait pour ainsi dire plus (le snack du coin fit soudainement fortune) ne se lavait plus et n’entretenait plus aucun rapport avec l’extérieur. J’étais son seul interlocuteur, et, même ainsi, j’avais l’impression d’être de trop.

Et un jour ce fut le début de la fin. Un jour, Helgui trouva une passe d’arme, une faille dans la défense du troll. La masse verdâtre du géant tomba au sol. Helgui cracha sur son cadavre et se dirigea vers le donjon, sous les cris hystériques de Cliff, qui avait oublié jusqu'à mon existence.

Helgui évolua sous le ciel gris vers une porte inaccessible depuis tant d’années. Il frappa au début mais sans que personne ne daigne ouvrir. Helgui, qui était un homme massif, entreprit de la défoncer. Sans aucun succès. Cliff conclut donc que cette porte était probablement le second obstacle, tout en sachant que ce n’était pas le dernier.

-« Il y a une logique dans ce rêve », me dit-il un jour, alors que je ramassais les emballages de sandwichs parsemant le laboratoire.
-« Tout à une logique, ce donjon possède probablement un maître des lieux, quelqu’un qui m’empêche d’accéder au plus haut niveau. Il est sur que si j’y parviens, j’aurais terminé mon expérience. »

Et la porte tint bon, durant un mois. Helgui essayait plusieurs façons de l’ouvrir. Chaque fois que le professeur se rendormait, le rêve recommençait au début, mais le troll n’était plus un obstacle pour le professeur.
Un jour, cependant, elle céda. Sans aucune explication. Cliff lui-même en fut étonné. Peut-être que son inconscience avait décidé de le laisser progresser ?

Helgui monta le long d’escaliers humides et crasseux. Le donjon n’était pas très éclairé. Il rencontra un couple d’orks (qui avaient les traits de sa mère adoptive et de sa sœur.) mais ceux-ci n’offrirent aucune résistance au guerrier.

Le professeur Burton exultait, il ne tenait plus en place, persuadé que son inconscient allait enfin lui livrer les secrets de son âme. Si seulement j’aurais pu deviner ce qui allait se produire, si seulement j’avais su.

Mais Helgui atteignait déjà le haut du donjon, l’ultime porte. Une porte faite d’acier, de chair et de pierre. Elle palpitait, crachant sang et tripes, vomissant un liquide glaireux, semblant éviter l’affrontement avec cet être non désiré. N’importe qui, dans ses rêves les plus fous, aurait évité d’ouvrir cette porte. Sa simple vue me fit vomir et j’avais du mal à me tenir debout.

Mais Cliff était saisi de folie. Je pense que c’est cela plus qu’autre chose qui le perdit. Il fit abstraction de la porte. Il l’ouvrit en rigolant à l’Enfer lui-même… Ô Mon Dieu.

Comment est-ce possible ? Comment cela a-t-il pu se produire ? Le rêve et la réalité se mélangèrent dans cette parodie de tragédie. Helgui « franchit » cette intangible barrière qu’était devenu l’écran de la machine. Helgui sortit de l’écran. Helgui devint réel sous mes yeux devenus fous. Et sous ceux de Cliff, horrifié mais émerveillé a la fois.

Puis, le guerrier le décapita d’un geste assuré. La tête de mon ami roula au sol, dans mon vomi. Avec un grand sourire et une parodie de vie, Cliff continuait à parler dans le vide, privé de cordes vocales, de poumons et de cœur. Néanmoins, ce que je lit sur ses lèvres, ce fut son double qui le prononça en même temps avant de s’évaporer dans cette réalité horrible qui était devenue la mienne. Ce fut lui qui fit débuter cette folie que deviendrait ma vie. Ce fut lui qui conclut ainsi l’expérience.

-« … De cette façon, mon cher collègue, le secret désir de mort du patient est enfin satisfait. Ceci prouve la viabilité de la méthode Burton ».


** Nouvelle réalisée dans le cadre d'un concours Lovecraft**

Cover Game

Ben oui. Tout est parti d'une notification banale sur Facebook.

Alors, oui, j'ai joué. Ce qui me semblait stupide s'est avéré finalement très divertissant.

Voici les instructions:

-"A quoi ressemblerait votre pochette d'album si vous étiez dans un groupe? Suivez les instructions ci dessous...

Voici les règles:

1 - Va sur Wikipedia. Tape “random”
ou clique sur http://en.wikipedia.org/wiki/Special:Random
Le premier article qui sort est le nom de ton groupe.

2 - Va sur la page des citations et tape "random quotations"
ou clique sur http://www.quotationspage.com/random.php3
Les derniers mots de la dernière citation de la page sont le titre de votre premier album.

3 - Va sur Flickr et clique sur“explore the last seven days”
ou clique sur http://www.flickr.com/explore/interesting/7days
La 3e image, quelle qu'elle soit, sera la pochette de ton album.

4 - Utilise Photoshop, Paint ou autre pour associer ces 3 éléments.

5 - Poste le tout sur Facebook (dans un album intitulé "Cover Game") avec cette règle du jeu dans la description de l'image ou dans un commentaire, et Taggue les amis que souhaites voir participer à ce jeu."

Naze hein ?

Et pourtant... Voici quelques-unes des mes pochettes (mais j'en ait d'autres) :

Artist : Amorphoscelis Orientalis
Album : The Sincerity Of The Pessimists
Style : Doom / Death



Artist : Te Rangiuamutu
album : With Thunderous Applause
Style : Black Metal


Artist : Delimiter
Album : The heart has its reasons wich reason knows nothing of...
Style : Rock / Punk / Grunge

A suivre, donc...

Bien à toi.

Groumph'

lundi 1 février 2010

Metallica - Death Magnetic

Au fil du temps, Metallica est devenu un genre d’icône. Un groupe dont tout le monde a entendu à un moment ou un autre dans sa vie au moins une compo.
Si le line-up central du groupe est culte (Hetfield, Ulrich et Hammet), la place du bassiste, le quatrième homme, à toujours posé problème à la formation depuis la tragique mort de leur talentueux premier bassiste, Cliff Burton, qui composait également beaucoup.

Pour moi, l’absence de Burton au sein du groupe marque énormément les compos de Metallica. C’est un avis personnel, bien sur, mais je pense qu’il est partagé par de nombreux auditeurs.

Enfin bref, Metallica, c’est aussi une discographie connue. Les trois premiers albums, cultes (et composés / enregistrés avec Burton à la basse) constituent une base de culture musicale en Métal.
Après le fulgurant succès du Black Album (« par opposition au White album des Beatles », dit la rumeur) les fans se sont laaaaargement disputés sur l’authenticité et la qualité du groupe. Ce ne sont pas les deux tentatives d’incursions rock/pop que sont Load et Reload qui les ont réconciliés.
Le retour de Metallica dans un domaine plus marqué dans le Métal a été l’album « St Anger ». Réveil phénoménal du groupe pour certains, grosse daube moisie enregistrée avec des bidons de javel pour une immense majorité d’autres (dont je fais fièrement parti), l’album marque une façon bien personnelle de Metallica de se réapproprier ce que le groupe estime comme étant sien, c'est-à-dire toute la mouvance Néo-Métal, mais également l’arrivée dans la formation du bassiste Robert Trujillo qui a réenregistré l’opus sans participer toutefois a sa composition.
Et là, le petit monde clouté du Métal a retenu sa respiration.

Trujillo quoi. Merde !

Et voila que déboule ZE opus qui est censé réconcilier tout le monde.
Le « Death Magnetic » de Metallica, enregistré et composé avec Trujillo. Un hommage aux rockeurs morts, d’après Hetfield. Tel est le concept de l’album…

Allez-vous ressortir sans honte vos vieux t-shirts bouffés par les trous de mites (et d’autres trous dont l’origine n’est pas encore justifée) ?

Ouais mais non.
Je m’explique.

Si je devrais relativiser, je dirais que cet opus est ce que Metallica a pondu de mieux en dix ans. Voila c’est dit, faites l’impasse sur Load et les bouses qui suivirent, cet album marque clairement le retour de Metallica dans la fosse, comme si le groupe n’avait pas bougé depuis le black album.

Mais commençons par les points nettement faiblards de l’opus.
Hetfield déjà.
Le gars ne s’est pas relevé de son délire dans St Anger. En gros, comme depuis quelques temps, Hetfield privilégie une mélodie qui sonne nettement plus « rock » qu’une puissance granuleuse dont il a atteint l’apogée quelque part entre « And Justice For All » et le Black Album. Je n’aime pas vraiment cette façon que le gars possède de monter dans des registres plus aigus et d’aborder ses lignes de chant avec cette façon très rock. Chuis pas chaud là-dessus, m’enfin ça doit plaire je pense.
Ulrich reste égal à lui-même. Il lui arrive de s’affoler un peu (« This Was Just Your Life », « My Apocalypse ») mais si sa vitesse n’est pas hors norme, on ne peut que remarquer que le petit gars de Metallica a sut retrouver sa technique perdue sur St Anger.
Ben forcément, quand on a une vraie batterie ça aide.
Trujillo est présent, même si sa basse ne fait pas de prouesses incroyable, on l’entend sur bien des passages et le mix est correct à son égard, tout comme Hammet qui ressert des solos de furieux un peu partout.

Clairement, cet opus est sympa, mais son immense point faible réside dans le fait que toute la lourdeur de Metallica est passée à la trappe.

Exit les grosses tueries qui écrasent la face de ton cousin Martin, ici on privilégie les mélodies rock / heavy et les envolées de solos. Et si je mets cet opus à la suite de la discographie de Metallica, je peux constater qu’en effet, le groupe semble retrouver le truc, comme sur « Broken, Beat and Scarred ».

Mais je peux également jouer au pur connard et, loin de me réjouir de voir un groupe culte remonter la pente de l’inspiration, y voir une bande d’arrivistes pas foutus de lâcher la grappe, avides de thunes et surfant sur n’importe quel prétexte pour pouvoir ressortir un opus qui est nettement le moins bon des bons opus (tout le monde m’a compris, là ?). Ben oui, parce que d’un autre coté, cet opus n’a pas le génie des autres.
C’est quand même bien mou par moment, les solos et les mélodies n’en finissent pas, Hetfield devient parfois une parodie de lui-même (« The Day That Never Comes » et son refrain insupportable à la fin de chaque rime) et à part quelques riffs franchement pas piqués des vers, les compos sont nettement attendues.

En gros Metallica dormaient et à leur réveil, ils nous sortent les compos qu’ils auraient sortis y’a dix ans.

Oui, mais le monde du Métal, lui, ne les a pas attendus.

Alors, oui, Metallica est de retour. Mais franchement, qu’ils se mettent au café un peu, parce que le réveil n’a pas l’air d’avoir sonné bien fort.

You say "Goodbye". I Say "Hello".

Salut toi.

"Sur une échelle de temps suffisamment longue, l'espérance de vie de toutes choses retombe à zéro."

Et oui, aprés plus de trois ans de bons et loyaux services c'en est fini de ma participation à Imm3moria. Et ce pour plusieurs raisons que je n'évoquerais pas ici mais dont le principal reste surtout le manque de temps et la démotivation. Il était donc temps pour moi de tourner la page.


Exit donc le Phenix de Metal auquel je suis très fier d'avoir contribué.

Mais le chômage ne guette jamais les chroniqueurs de metal, surtout quand ils sont bénévoles (oui, hein...) et c'est donc sur l'excellentissime webzine French-Metal que je vais reprendre du service.

Je continuerais a poster ici quelques chros, doucement, mais surement.

A plus, donc.

Groumph'