Blog chaotique à la mise à jour aléatoire.


On y cause de
Métal sous toutes ses formes, d'ambiance d'apocalypse, films, séries, jeux de rôle et jours de colère...

mardi 7 février 2012

Haine Pure

Ô Dagda dieu de bonté et géniteur de Nemed le père de tous les humains où es-tu ?
O Dana miséricordieuse as-tu oublié tes enfants chéris ?

Le désert des steppes glacées est un lieu sans pitié. Nombre de voyageurs y ont laissé leur santé et pire, la raison, rendus fou par les hurlements incessants du blizzard, la rigueur impitoyable du froid et le miroitement inégalable du soleil. Et combien ont laissé la vie en ces lieux inhospitaliers délaissés de tous ? Plus que la faim ou la solitude, le froid est présent, il s’insinue partout et œuvre comme un serpent de glace, insidieux, vicieux et meurtrier. Le vent hurle sa folie, caressant les dunes, déchirant les tertres et pénétrant comme une lame impitoyable la terre en un millier de crevasses, plaies béantes. Tour à tour, il semble pleurer, gémir, hurler...
Une étendue de sable glacial, sur des millions de kilomètres. Etendue infinie qui n’a de cesse que de vous faire souffrir sans fin, inlassablement. Absorbant la vie, la chaleur, la faim, sur une lande de glace froide comme la Mort elle-même.

Aucun arbre pour repère, aucun rocher saillant. Le vide, le néant absolu. Et pourtant, on n’y voyait pas à 10 mètres.

L’homme était puissamment bâti. Plutôt grand, selon les critères de son peuple sauvage, ses longs cheveux noirs de jais semblaient se fondre avec sa peau brûlée par le soleil. Ses yeux bridés, emplis de haine et de volonté, accusaient tous ceux qui auraient pu braver le feu ardent de son regard. Son corps paraissait taillé dans la pierre. Un roc énorme, fait de formes brutes, aux tailles saillantes et grossières. Debout au sommet d’une immense dune il défiait littéralement la mort, toisant du regard le désert.

SON pays, la Sigolie. Il souriait en pensant à sa vie ici. Son quotidien avec les Elobuks, le Vonac, sa Mendji, la sauvage Djiane, et à la famille qu’il avait construit avec sa compagne libre, la fière Aourelle. Bien sur, on lui avait parlé du monde extérieur. Northland en tête. On lui avait conté qu’il existait des Tuaths où les hommes vivaient dans des cages de pierre. Des tours hautes comme des montagnes, des bateaux ou des forêts.

Ah, chiens pouilleux, quelle idiotie ! Il n’imaginait pas d’autre endroits pour vivre. Il se retourna pour voir comment son enfant, chair de sa chair, surmontait le blizzard. Et puis il fallait songer à retrouver puis ramener ce fichu Elobuk avant la nuit et le garçon ralentissait les recherches dans sa marche.

Un Elobuk perdu c’était trente bouches de plus à nourrir au campement. On ne pouvait se passer de son lait, de sa fourrure et de sa viande. Le Nerin regarda son fils du haut de la dune, imposante statue de chair, fière et droite. Son sourire farouche dévoilait la régularité de ses dents ivoirines. Absorbé par la contemplation du fruit de son amour avec sa douce compagne dans le blizzard assourdissant, ses tresses lui battaient le visage mais il s’en moquait. Le vent qui souvent avait été son allié fut un ami défaillant, peut être trahissant pour la première fois son ouie fine par un sombre tour du destin. Il n’entendit pas la charge de la monture au galop. Le cavalier le décapita net sans remarquer l’enfant horrifié en contrebas… Tout comme la dizaine de pillards qui chevauchaient à sa suite.

Ils se dirigèrent vers le campement, labourèrent les femmes de leur virilité impitoyable, asservirent les enfants, tuèrent les vieillards et capturèrent les Elobuks. Pendant tout ce temps l’enfant ne quitta pas des yeux la tête de son père. Visage paternel au regard fixe dans une flaque écarlate, souillant la neige immaculée. Puis la haine, la vengeance, prirent le dessus. Le petit se jeta de toute sa fureur infantile. Sans larme, il courut à la rencontre du clan Sigole. L’innocence contre la barbarie. La pureté face à la sauvagerie de l’envahisseur. Malgré les railleries et les rires amusés des cavaliers, les cris horrifiés des femmes.

Il mit 4 jours à mourir, empalé sur une perche du campement. L’amputation de sa langue l’empêchant de supplier. Il ne l’aurait de toute manière pas fait, fier enfant de son Tuath, digne fils de son père. Ses râles incessants tinrent compagnie aux Sigoles durant tout ce temps, douce musique à leurs oreilles. Ils comprirent tous la grandeur qui l’habitait quand il se tut alors que la morsure du froid gelait ses membres à jamais.

O Morrigan, magnifique déesse guerrière, protectrice des braves, impitoyable exécutrice des faibles. Ta lame aiguisée a fauchée encore une fois la vie, si fragile…

Le désert des steppes glacées est un lieu sans pitié. Nombre de voyageurs y ont laissé leur santé et pire, la raison, rendus fou par les hurlements incessants du blizzard, la rigueur impitoyable du froid et le miroitement inégalable du soleil.
Et combien ont laissé la vie en ces lieux inhospitaliers délaissés de tous ?

Bienvenue en Sigolie…

(nouvelle d'introduction du supplement "Sigoles" pour la seconde édition de Nemedia)

Aucun commentaire: