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mardi 4 septembre 2012

Interview de Sven (Aborted lead vocal)

Les Aborted nous reviennent avec "Global Flatline", un très bon opus qui hisse le groupe encore un cran au-dessus. 4 années se sont écoulées depuis votre énorme dernier opus en date, uniquement ponctuées par le très bon EP "Coronary Reconstruction". Peux-tu nous dire comment s'est passé l'intervalle entre ces trois enregistrements ?
Merci. (il lève les pouces) Super. Ben, on a eu pas mal de changements de line-up, surtout. J'ai changé en fait tout le groupe après "Strychnine" parce ce que ça n'allait pas. On a fait le EP pour montrer que le groupe était encore en vie, ce qu'on savait faire, ce qu'on fait et ce qu'on sait faire... Et après ben... On a vraiment voulu prendre notre temps pour faire le meilleur album possible. Je pense que le résultat est bien là et qu'on a bien fait de prendre notre temps et de pas sortir un album une année plus tard quoi...




Ouais. Histoire de bien composer quoi.
Exactement, on a pris le temps de bien composer, de faire en sorte que l'album soit bien varié, qu'il y ait tout dedans et tout quoi...

Ok. Quel était votre état d'esprit de composition, quels était ton but et tes envies concernant cet album ? Penses-tu y être arrivé ?
Je pense que surtout on voulait... Pas faire marcher arrière mais revenir, si tu veux, à un style plus brutal que sur les deux derniers albums...

Ouais, qui étaient plus techniques finalement.
Ouais... Non (il sourit) le dernier est bien plus technique que ceux d'avant en fait.

Ah ouais ? C'est marrant, sur l'album c'est plus le côté brutal et mélodique qui ressort.
Ouais mais non. Ils étaient plus.. pas mélodiques mais... (il hésite) C'est un peu trop mou pour être ABORTED donc... On voulait faire un truc plus violent mais en même temps, fallait que ça avance un peu quoi, que ça soit pas une copie conforme de "Goremageddon" ou n'importe quoi donc...

Y'a des nouveaux éléments et on voulait faire un album qui, disons... Avec l'artwork, les paroles et les samples et comment les morceaux évoluent dans l'album on voulait donner à l'auditeur un peu l'impression qu'il regarde un film d'horreur... Un vieux film d'horreur.

Alors justement, je me posais la question de ce rapport au ciné d'horreur, car il y a un trailer qui traîne sur le net qui est vachement axé film et cinéma. Et finalement pour un album de musique on aurait pu s'attendre a plus de son que ça alors que c'est une histoire assez bien construite finalement... Tu peux nous expliquer le but de ce trailer ?
Eh bien tout va ensemble avec ce que je viens de dire. On veut disons "pousser" l'album comme si tu regardes un film d'horreur. C'est un peu le trip qu'on a pour l'album, donc on s'est dit "on va faire un trailer comme pour un film d'horreur", on va faire aussi quelques vidéos qui vont être pas mal gore et axées sur les vieux films d'horreur des années 80. Donc tout est axé sur cet esprit là, quoi...

Ok. C'est marrant parce que c'est vraiment l'ambiance et l'esprit que moi j'ai entendu sur l'album. On sent vraiment qu'il y a des références à tous les gros films de l'époque, de Romero ou de Savini et c'est vraiment ça.
Ok, ben donc on a réussi ! (il rit)

Oui ! Mais c'est super parce que... Ca m'a parlé tout de suite, je veut dire... Etant proche de cette culture, c'est vraiment bien foutu, c'est vraiment un super album, vraiment.
Merci, merci (il sourit et acquiesce)

"Global Flatline" raconte la fin du monde par une pandémie zombie....
Oui et non, pas exactement par une pandémie Zombie. Y'a des zombies, entre autres sur la pochette, mais y'a aussi d'autres petits élements.. Par exemple y'a le mec avec la croix, et tout donc... On a rajouté un petit peu plus de profondeur là-dedans parce que y'a trop de groupes qui foutent des zombies partout... C'est déjà fait et refait... Donc on voulait vraiment qu'il y ait un accès politique ou même religieux par rapport au concept de l'album.

Ben justement, j'allais y venir. J'ai vu ce zombie avec son crucifix (en premier plan sur la pochette) et l'album comprend des chansons assez pertinentes sur la religion. Es-tu croyant ?
Non.

Du tout ?
Non. (il sourit) Je ne crois qu'en moi-même.

Et t'as bien raison. Un des morceaux les plus mélodiques et qui prête le plus à la profondeur musicale est justement "Our Father, Who Art Of Feces", c'était intentionnel de mettre autant de mélodies dans cette pièce précisément ?
Non, en fait ce que je fait, je trouve d'abord les parties de chant et après seulement je trouve les paroles. J'avais déjà le refrain du morceau en tête, "Lies upons lies upon lies." ça collait vraiment bien. Et j'y ai collé les paroles de religion après coup en fait... Donc, non, c'est pas forcément voulu, ni calculé.

Ok. C'est marrant que ce soit finalement la phrase "Lies upon lies" qui t'ait inspiré la religion.
(il rit) Voilà, exactement !

Tu dis, justement dans ce morceau : "Blessed are the ones who show no remorse", tu penses que les gens qui écrasent les autres c'est symptomatique dans notre monde, et notamment dans la religion ?
Ben... historiquement la religion a toujours.... Si tu veux, ça aide les gens. C'est bien, mais malheureusement y'a toujours des connards qui profitent et c'est exactement ce que ça veut dire... Par exemple les "preachers" (il mime des guillemets avec ses doigts) aux Etats-Unis qui volent l'argent aux pauvres gens qui pensent qu'ils vont avoir quelque chose en retour...






Ok je vois oui... Ok bon, tout ça pour en revenir à ma question...
(il rit)

Non mais c'est passionnant et je comptais en parler. Bref... On le sait, étant fans de films et de culture zombiesques, les zombies dénoncent l'avilissement de la société par un capitalisme rampant alors que justement le monde entier s'écroule sur ses bases capitalistes et financières. Est-ce que l'actualité mondiale t'as inspirée ?
Ouais évidemment oui. Tu sais, même si, bon ça s'éloigne peut être de l'économie mais les zombies, finalement c'est les gens qui vivent leur vie, qui font un boulot qu'ils aiment pas... Ils sont tellement dans une routine de merde que...

Oui c'est vrai que... y'a cette scène dans "Day Of The Dead" où les zombies vont dans les magasins, essayent de se raser, tout ça...
Oui exactement ! Y'a cette routine mais y'a rien derrière. C'est un monde vide quoi...

Y'a un truc bien flagrant dans l'opus, c'est la description de inefficacité de notre monde à lutter contre une pandémie.. bon là c'est zombie, mais ça pourrait être autre chose, la grippe aviaire, etc... La nature mute et reprend ses droits, c'est un peu la morale finalement de "Global Flatline" ?
On y trouve la morale qu'on veut mais moi, je pense plutôt que c'est l'humanité qui va s'auto-détruire.



Aborted et la politique, c'est important ? Les problèmes de société vous touchent ou non ?
(il réfléchit et semble pèser ses mots) Disons qu'on... On a nos propres visions sur tout mais on va pas faire des discours sur scène... C'est pas le plus important... C'est la musique.

Y'a un message, des messages politiques ils y sont, ceux qui les cherchent les trouveront entre les lignes mais pas plus que ça... Je vais pas dire a quelqu'un qu'est-ce qu'il doit faire.... Sauf tuer tout le monde, bien sûr... (il rit)

Parlons un peu de l'enregistrement de l'album ? Quels ont été les choix décisifs concernant les prises, le son ?
Bah assez classique quoi... On a passé trois semaines au Danemark... Tout à été fait
(enregistrement, mixage, mastering) en trois semaines chez Jacob Hansen qui avait aussi fait "The Haematobic" et "Goremaggedon"... J'avais écouté ses dernières productions et on était impressionnés de voir comment il s'était amélioré durant les années et on s'est dit qu'on irait la-bas.

On a simplement commencé par les prises de batteries et après basses et guitares et après le chant puis les samples... Ca a été très naturel...

Ok. C'est donc pas du live ? Avec la puissance du son je me suis dit... "Pas possible, il faut absolument que je me renseigne pour savoir comment ils ont fait !"
Hmm. Ben non, c'est au clic tu vois. Mais on a vachement bossé pour qu'il y ait de gros changements de tempo pour bien bosser la dynamique et c'est ça en fait qui donne cette puissance, cet aspect live et qui rend la musique plus vivante que si tu met tout sur un même clic... Nous on a beaucoup de changements de tempos.

Ok. Je vois que... Enfin le premier morceau possède une ligne vocale très marquante je trouve et on s'y trouve facilement... Je me demandais, j’entends souvent le discours comme quoi le death-metal c'est un art... Tu en penses quoi, toi ?
Je pense que... Oui, toutes musique est artistique si c'est fait par des personnes et pas par un PC.. T'as des groupes qui programment la batterie... Qui éditent tout et beaucoup trop... En fin de compte ça c'est un peu de la merde mais là c'est un groupe qui joue de la musique et forcément on croit au côté artistique si tu veux...

L'album comprend beaucoup de samples. D'où sont-ils tirés ? C'est important pour vous, de caler des samples dans un enregistrement ?
Ils viennent d'un peu partout, on les a choisis ensemble en fait. On en mettait un peu sur les démo, comme blague on trouvait que c'était rigolo... Mais... En fin de compte on trouvait aussi que ça donne une... Une texture...

Oui ça donne une profondeur.
Oui voilà, une profondeur à l'album, pour que ça donne une ambiance sombre et malsaine. On a retravaillé tout au final pour ça... C'est pas mal important... On aimait bien les samples mais le label ne voulait plus qu'on en mette sur les deux derniers... Mais on a dit "C'est comme ça on en à rien à foutre sinon tu sors pas l'album..." Mais là... Ca fait vraiment partie de l'album, de l'ambiance et tout...

C'est vrai qu'ils sont plus importants sur cet album que sur les autres... Vous les jouez sur scène les samples ?
Euh.... Non... Certains quoi... on joue pas au clic en live donc... On préfère quand ça bastonne. (il tape son poing dans la main en souriant)

L'artwork, comme d'habitude, est très soigné. Y attachez-vous une attention particulière ? Qui l'a fait ?
C'est Justin Osbourn, de Slasher Design qui l'a fait, c'est un Américain. Et il est spécialisé pour faire des trucs style d'horreur des années 80, il a fait notre EP d'avant, "Coronary..." et on en était super contents donc naturellement on s'est dit "Bon, on va bosser avec lui" et on est super contents, ça colle à 100% à ce qu'on voulait. Et je pense qu'on va bosser uniquement avec lui dans le futur.

Avec ta carrière, qui commence à être à la fois grande et intéressante, tiens-tu comptes des avis des médias, des fans ?
Hmmmm pffff (il souffle et réflechit)

Te sent pas obligé de répondre gentiment parce que je suis là, hein !
(il sourit) Non mais c'est un peu dur comme question parce que du moment où y'a des critiques, où il y a quelque chose derrière pour aider tu te demandes ce que le mec a senti et... T'es pas stupide tu vois.

Ouais des critiques constructives quoi.
Oui voilà. Tu vas écouter ce que le gars dis et pense. Mais beaucoup de fois, les gens, ils veulent juste dire du mal et ils vont trouver n'importe quoi... Et ça on s'en fout...





Pourquoi avoir fait une reprise de "Slaughtered" de Pantera (sur l'ancien album) ?
Euh... (il sourit) en fait je sais pas pourquoi on a choisi cette reprise... Bon on est tous des GROS fans de Pantera...

Qui ne l'est pas ?
(il sourit)
Je pense que c'est Seb qui avait choisi le morceau et c'était bon pour moi donc...

D'ailleurs quelles sont les influences du groupe et qu'écoutez-vous, en metal mais ailleurs ?
On écoute VRAIMENT de tout, tu sais, on est TRES ouverts d'esprit. Au début du groupe les influences c'était surtout Suffocation, Cryptopsy, Carcass, Entombed, des trucs comme ça et au bouts des années y'a plus de trucs qui rentrent parce que t'écoutes plus de musique et donc... T'as plus d'influences et t'es plus ouvert d'esprit...

T'écoutes des trucs récents ?
Ca dépend... Whitechapel je trouve ça pas mal... En deathcore j'aime pas trop les autres trucs mais ça ça va bien... J'aime bien Burnt By The Sun, Fleshgod Apocalypse, eux ils sont vraiment cool... Les prod' récentes de Century Media, y'a un groupe dont je me rappelle plus le nom qui fait du vieux death... c'est bien sympa aussi... (probablement Sonne Adam, ndr)

Tu sors parallèlement à "Global Flatline" un album de grind réalisé conjointement avec Devin Townsend, dont je suis fan. Tu peux nous raconter votre rencontre et la genèse du projet ?
En fait c'est le projet à Dirk... Il a tout composé il a tout fait lui-même... Dirk et moi on était tout le temps en contact il était censé nous aider à la batterie.... Mais ça c'est pas fait bref, il m'a appelé et m'a demandé de faire les voix sur Bent Sea et c'est un projet bien old-school avec un son bien crade fait en home-studio et ça me plaisait, les paroles me plaisait aussi à 100% donc.. Ben j'y suis allé quoi... Y'avait pas Devin Townsend dans l'histoire à ce moment là...

Ah oui ?
Non, non, Townsend il à été rajouté à la dernière minute en fait... Dirk faisait la batterie pour Townsend en live et comme Devin a bien aimé le truc il lui a dit comme ça "en... hey, tu sais... J'ai toujours voulu faire de la basse dans un groupe de grind..." Alors, ben... Dirk il lui a dit...
(il montre un passage avec sa main, comme pour laisser passer quelqu'un)... Ben... Viens, viens...

Ok, c'est plus une affaire de potes en fait...
Ah mais exactement... Aprés bon... y'a Devin qui a fait la basse, puis le mixage et tout est fait vraiment dans des home-studio... Un truc vraiment cheap quoi... On a voulu faire l'esprit à l'ancienne quoi...Et voilà... Peut-être qu'on va faire des dates maintenant, on va voir...

Ah oui, carrèment ?
On va voir... (il sourit)

Alors, Bent Sea, un autre nommé System Divide. Ce sont plus des projets liés à des rencontres ou de vrais projets musicaux qui te tenaient à coeur ?
Non, System Divide c'est complètement un autre groupe... C'est sérieux, on fait des tournées, même des très grosses tournées aux Etats-unis cette année.

Oui, dommage que le groupe ne soit pas trop connu en France.
Bah, c'est un problème de promo je pense... On axe plus là-bas parce que les gens connaissant bien plus, on a travaillé le marché Américain... L'Europe on va voir... On fait un nouvel album l'année prochaine on va voir...

Pourquoi ne pas avoir fait ces essais avec Aborted, ne pas avoir profiter de la "structure" du groupe ?
Ben, en fait, System Divide c'est un groupe avec ma femme...

Ouais je sais.
Ben y'a deux – trois autres membres d'ABORTED comme ça c'est plus simple à gérer niveau emploi du temps, mais avec System Divide on voulait faire autre chose, on voulait faire une musique qui puisse combiner la voix de ma femme et la mienne et sans faire du goth neuneu mais quelque chose de plus... solide, de plus extrême et le nouvel album sera encore plus extrême que ce qu'on a fait auparavant. Ce sont des projets bien différents...

On m'a beaucoup parlé de votre prestation, très tôt dans la matinée, à l'édition 2009 du Hellfest. Quand on arrive tôt comme ça sur scène, qu'est ce qui vous motive à faire un show bon à ce point ?
Ben on donne tout ce qu'on peut sur scène. La musique est violente donc il faut l’être sur scène. Tu dégages une énergie intense et on espère que ca marche avec le public, qu'il réagit et quand tu donne tout ce que t'as et que le public (il mime le mec qui s'emmerde) ben voilà tu te fatigue et tu dis... ben voilà quoi.

Les concerts c'est en deux parties y'a le public et le groupe et la communication entre eux. Et les concerts de metal on est tous là pour s'amuser et avoir du fun et c'est tout ce qui compte.

Un mot sur la scène Française ? Que penses-tu de la situation actuelle ? De son devenir ?
Ouais, j'aime bien les groupes français. J'adore le nouveau Benighted, c'est probablement le meilleur album de death qui soit sorti cette année. J'aime beaucoup Klone aussi, différent mais cool. Ils ont fait une reprise de Björk que j'aime beaucoup. Gojira aussi, forcément... Y'a pas mal de bons groupes en France.

Quelle est la recette du succés pour Aborted ?
Bosser dur. C'est tout... (il sourit)


Je te laisse conclure ?
Ben merci pour l'interview, c'était très chouette.. Et content que tu aimes l'album, on va voir ce que les gens vont en penser. Merci !

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