“You know this feeling when adrenaline takes control…”
Slayer – Killing Fields
Slayer – Killing Fields
- Putain, mais quel que soit l’endroit où je me tourne c’est le bordel ! T’es vraiment qu’une lopette, Damien !
Célia était furieuse. Ses cheveux longs, rouges, en totale liberté, semblaient fous. Ils cachaient son masque de Mickey Mouse sanglant, comme si celui-ci ne suffisait pas à garantir son anonymat. Son flingue neuf brillait de mille feux alors qu’elle braquait tous les otages aux alentours en tournoyant sur elle-même.
Il ne faisait pas bon être dans le personnel employé dans cette banque du centre de Toulon, ce jour-là.
Quelle merde ! Bloqués dans la banque, cernés par les flics et peut-être pire encore… Tout avait bien commencé pourtant. Un entrée royale, armés jusqu’aux dents, avait permis au couple de buter le gardien, puis de menacer tout le personnel avant de vider les caisses et le coffre. Qu’est-ce qui avait foiré, nom de Dieu ? Même les clients étaient absents ! Il n’y avait que le personnel ! Pourquoi la flicaille avait-elle rappliquée si vite, bloquant toutes issues aux amants ?
Trop tard pour y penser. Aviser. Réfléchir et agir.
Damien s’assit à terre, près de l’entrée barricadée. Ses yeux cernés de khôl dissimulés par une chevelure noire d’ébène, ruisselante de sang et de sueur, il avait depuis longtemps jeté son masque de Sarkozy à terre. Face à lui, le cadavre du vigile, mutilé par Célia. Dans sa tête, l’acide le rongeait intérieurement et le disputait au chaos qui régnait autour de lui.
Cette fille était démente, il en était persuadé. Mais la tension décuplait nettement cette folie. Même si elle le niait, c’était bien évidemment elle, et elle seule qui avait estropié cet homme ainsi. Quand les otages avaient vu ce massacre, ça avait été la fin de tout. Ceux qui n’ont pas hurlé d’effroi en vomissant avaient essayé de fuir. Célia, furieuse, en avait abattu deux. Son « visage » de rongeur était ruisselant de sang, mais cela n’avait, visiblement, fait qu’accentuer sa frénésie aveugle. Elle avait fait se coucher à terre le reste des employés, prenant un malin plaisir à les entendre pleurer et supplier, face contre le sol.
— Vire-moi ces cadavres, bordel ! avait-elle hurlé aussitôt, comme possédée. Et Damien, lui, le fier Damien, avait obéi, soumis. L’esclave du boucher. Le gars qui balaye les carcasses. Le crotté aux yeux ceinturés de noir.
Manipuler ces corps dans l’arrière-salle l’avait fait vomir, mais c’était le seul endroit où les entreposer sans qu’ils ne soient sous leur vue. Immondes, les narguant, leur rappelant à tout instant leur cuisant échec et son inévitable fin.
Incapable du moindre mouvement, de la moindre pensée cohérente, déchiré par l’acide et les visions, Damien n’était plus que l’ombre de lui-même.
Lui-même. Qui aurait put prévoir que le gosse des Granil, bonne famille dont le paternel était à la tête de son propre restaurant aller virer ainsi ? Damien avait toujours hait ses vieux au plus haut point. Celui de s’en détacher. Celui de se laisser pousser les cheveux, de cultiver son teint blafard en cernant ses yeux de khôl. Ses oreilles étaient devenues sourdes à force d’errer de concert en concert, son esprit avait décidé d’abdiquer face aux produits chimiques. Damien n’avait plus toute sa tête. Il le savait.
LSD. Ecstasy. Sexe. Son amour pour les différentes drogues et sa vie de débauche avait fini de l’exclure du cercle familial. Mais il n’avait jamais réellement eu besoin de faire ce casse. Sa famille de moutons blancs l’aurait très certainement repris avec elle s’il avait eu des soucis financiers graves.
Non, c’est Célia qui avait voulu ce cirque. C’est elle qui s’était procuré des armes dans les bas-fonds de Toulon. C’est elle qui avait choisi le jour et l’heure. C’était elle le cerveau. Et c’était elle qui foutait le boxon en flinguant à tout va. La conne !
- Tout ira bien, avait-elle précisé. Je me suis renseignée sur le personnel. Même le directeur est un connard, il ne sort pas de chez lui. On le fera se pisser dessus de trouille. Ca ira, je te dis. On va les faire marcher à la peur. Leur filer la frousse. Les bourgeois ne connaissent pas la frayeur, on va leur en donner tellement qu’ils y penseront jusqu'à leur mort !
Célia était une conne, mais sacrément futée.
Célia. Jamais une femme n’avait autant attiré Damien. Jamais des yeux n’avaient pu autant le captiver, une langue si bien le connaître et des bras l’étreindre. Les yeux de jade de Célia avaient toujours été un repère pour Damien. Même lors de leur échange avec d’autres couples. Même lorsque ses paradis artificiels prenaient le pas sur tout le reste. Célia était plus qu’un enchantement à ses yeux. Plus qu’un refuge. Plus que tout.
Mais Célia était une femme de caractère. Elle savait ce qu’elle voulait, malgré les drogues, l’alcool et la débauche de leur vie, Célia voulait de l’argent. Toujours plus d’argent. Jusqu’au point de non-retour. Aujourd’hui.
Damien ne tenait plus. Les sirènes de la Loi rugissantes à l’extérieur combinées aux cris et vociférations à l’intérieur le rendaient malade. Il retint un spasme nauséeux avec difficulté. Son flingue - un Sig-Sauer 19 avait précisé Célia - pesait une tonne dans sa main tremblante.
-Pour la frime, lui avait dit Célia en le lui donnant. Damien n’avait jamais manié d’armes à feu, et ne savait même pas comment enlever le cran de sûreté. Célia connaissait les armes. Elle lui avait expliqué que la simple vue du flingue suffirait à se faire écouter. Ils ne tireraient pas.
Tu parles ! Quelle chierie ! Le sang du vigile maculait encore le sol et une partie des murs. Et que dire des deux autres morts empilés dans l’arrière-salle ? Damien se releva difficilement en entendant d’autres voitures dehors. L’univers devenait distendu. Ou se trouvait t’il exactement ? Il commençait à perdre pied, il le savait.
Une voix s’éleva de l’extérieur, exhortant les deux amoureux à sortir sans armes. Malgré ses yeux clos, Damien comprit la réponse de Célia qui tira une rafale dans le plafond en hurlant des injures. Les otages hurlaient. Célia éructait encore plus. Tout cela s’amplifiait dans son cerveau halluciné. Il était en nage. Son khôl lui coulait jusqu'à la commissure des lèvres. Le mur donnait l’impression de s’abattre sur lui. Qu'est-ce qui était vrai ? Où était ses fantasmes ?
Marre ! Damien en avait marre. Il décida de se retirer avec la vermine et les macchabées. Pour se recentrer. Il s’efforça de faire le point, de se calmer et envisagea sérieusement le problème. Combien de flics étaient là ? Que savaient-ils exactement de la situation ? Un spasme le reprit, trop rapidement pour qu’il ne puisse le contrôler.
Quelle merde ! Bloqués dans la banque, cernés par les flics et peut-être pire encore… Tout avait bien commencé pourtant. Un entrée royale, armés jusqu’aux dents, avait permis au couple de buter le gardien, puis de menacer tout le personnel avant de vider les caisses et le coffre. Qu’est-ce qui avait foiré, nom de Dieu ? Même les clients étaient absents ! Il n’y avait que le personnel ! Pourquoi la flicaille avait-elle rappliquée si vite, bloquant toutes issues aux amants ?
Trop tard pour y penser. Aviser. Réfléchir et agir.
Damien s’assit à terre, près de l’entrée barricadée. Ses yeux cernés de khôl dissimulés par une chevelure noire d’ébène, ruisselante de sang et de sueur, il avait depuis longtemps jeté son masque de Sarkozy à terre. Face à lui, le cadavre du vigile, mutilé par Célia. Dans sa tête, l’acide le rongeait intérieurement et le disputait au chaos qui régnait autour de lui.
Cette fille était démente, il en était persuadé. Mais la tension décuplait nettement cette folie. Même si elle le niait, c’était bien évidemment elle, et elle seule qui avait estropié cet homme ainsi. Quand les otages avaient vu ce massacre, ça avait été la fin de tout. Ceux qui n’ont pas hurlé d’effroi en vomissant avaient essayé de fuir. Célia, furieuse, en avait abattu deux. Son « visage » de rongeur était ruisselant de sang, mais cela n’avait, visiblement, fait qu’accentuer sa frénésie aveugle. Elle avait fait se coucher à terre le reste des employés, prenant un malin plaisir à les entendre pleurer et supplier, face contre le sol.
— Vire-moi ces cadavres, bordel ! avait-elle hurlé aussitôt, comme possédée. Et Damien, lui, le fier Damien, avait obéi, soumis. L’esclave du boucher. Le gars qui balaye les carcasses. Le crotté aux yeux ceinturés de noir.
Manipuler ces corps dans l’arrière-salle l’avait fait vomir, mais c’était le seul endroit où les entreposer sans qu’ils ne soient sous leur vue. Immondes, les narguant, leur rappelant à tout instant leur cuisant échec et son inévitable fin.
Incapable du moindre mouvement, de la moindre pensée cohérente, déchiré par l’acide et les visions, Damien n’était plus que l’ombre de lui-même.
Lui-même. Qui aurait put prévoir que le gosse des Granil, bonne famille dont le paternel était à la tête de son propre restaurant aller virer ainsi ? Damien avait toujours hait ses vieux au plus haut point. Celui de s’en détacher. Celui de se laisser pousser les cheveux, de cultiver son teint blafard en cernant ses yeux de khôl. Ses oreilles étaient devenues sourdes à force d’errer de concert en concert, son esprit avait décidé d’abdiquer face aux produits chimiques. Damien n’avait plus toute sa tête. Il le savait.
LSD. Ecstasy. Sexe. Son amour pour les différentes drogues et sa vie de débauche avait fini de l’exclure du cercle familial. Mais il n’avait jamais réellement eu besoin de faire ce casse. Sa famille de moutons blancs l’aurait très certainement repris avec elle s’il avait eu des soucis financiers graves.
Non, c’est Célia qui avait voulu ce cirque. C’est elle qui s’était procuré des armes dans les bas-fonds de Toulon. C’est elle qui avait choisi le jour et l’heure. C’était elle le cerveau. Et c’était elle qui foutait le boxon en flinguant à tout va. La conne !
- Tout ira bien, avait-elle précisé. Je me suis renseignée sur le personnel. Même le directeur est un connard, il ne sort pas de chez lui. On le fera se pisser dessus de trouille. Ca ira, je te dis. On va les faire marcher à la peur. Leur filer la frousse. Les bourgeois ne connaissent pas la frayeur, on va leur en donner tellement qu’ils y penseront jusqu'à leur mort !
Célia était une conne, mais sacrément futée.
Célia. Jamais une femme n’avait autant attiré Damien. Jamais des yeux n’avaient pu autant le captiver, une langue si bien le connaître et des bras l’étreindre. Les yeux de jade de Célia avaient toujours été un repère pour Damien. Même lors de leur échange avec d’autres couples. Même lorsque ses paradis artificiels prenaient le pas sur tout le reste. Célia était plus qu’un enchantement à ses yeux. Plus qu’un refuge. Plus que tout.
Mais Célia était une femme de caractère. Elle savait ce qu’elle voulait, malgré les drogues, l’alcool et la débauche de leur vie, Célia voulait de l’argent. Toujours plus d’argent. Jusqu’au point de non-retour. Aujourd’hui.
Damien ne tenait plus. Les sirènes de la Loi rugissantes à l’extérieur combinées aux cris et vociférations à l’intérieur le rendaient malade. Il retint un spasme nauséeux avec difficulté. Son flingue - un Sig-Sauer 19 avait précisé Célia - pesait une tonne dans sa main tremblante.
-Pour la frime, lui avait dit Célia en le lui donnant. Damien n’avait jamais manié d’armes à feu, et ne savait même pas comment enlever le cran de sûreté. Célia connaissait les armes. Elle lui avait expliqué que la simple vue du flingue suffirait à se faire écouter. Ils ne tireraient pas.
Tu parles ! Quelle chierie ! Le sang du vigile maculait encore le sol et une partie des murs. Et que dire des deux autres morts empilés dans l’arrière-salle ? Damien se releva difficilement en entendant d’autres voitures dehors. L’univers devenait distendu. Ou se trouvait t’il exactement ? Il commençait à perdre pied, il le savait.
Une voix s’éleva de l’extérieur, exhortant les deux amoureux à sortir sans armes. Malgré ses yeux clos, Damien comprit la réponse de Célia qui tira une rafale dans le plafond en hurlant des injures. Les otages hurlaient. Célia éructait encore plus. Tout cela s’amplifiait dans son cerveau halluciné. Il était en nage. Son khôl lui coulait jusqu'à la commissure des lèvres. Le mur donnait l’impression de s’abattre sur lui. Qu'est-ce qui était vrai ? Où était ses fantasmes ?
Marre ! Damien en avait marre. Il décida de se retirer avec la vermine et les macchabées. Pour se recentrer. Il s’efforça de faire le point, de se calmer et envisagea sérieusement le problème. Combien de flics étaient là ? Que savaient-ils exactement de la situation ? Un spasme le reprit, trop rapidement pour qu’il ne puisse le contrôler.
...Il reprit connaissance dans sa flaque de vomi. Tremblant et en sueur. En pleine descente. Rien n’était certain, la sensation de se réveiller d’un cauchemar disparut rapidement pour laisser place a celui de la réalité. Combien de temps était t’il resté inconscient ? Où était Célia ? Pataugeant dans sa propre souillure, écartant ses cheveux collés à sa peau par le sang, il essaya, péniblement, de se relever sans regarder le spectacle offert par les trois restes de cadavres en pure perte. Il vit le cadavre du vigile. En tout cas, ce qui en restait, ou ce qu'il en imaginait.
Il s’essuya d’un revers de sa manche tout en sortant de la pièce, abasourdi. Il s’appuya de tout son poids sur la porte pour la refermer, ne croyant pas ce qu’il venait de voir.
Comment avait-elle pu commettre cette horreur ? Comment avait-elle pu ouvrir de cette façon le cadavre du vigile ? Comment avait-elle pu étaler ses intestins de cette manière sans que Damien ne s’en rende compte ? Etait-ce ses hallucinations qui déformaient ainsi la réalité ?
Il retourna vers Célia en tenant fermement son flingue. Elle l’aperçut. Elle s’arrêta de tirer, de hurler et de vociférer quand elle vit qu’il la tenait en joue. Le monstre se calma. La furie se changea en nymphe, se retransforma en la fée que Damien connaissait. SA Célia.
Elle retira son masque de fureur pour découvrir sa peau d’une pâleur maladive, ses traits fins juste renforcés par les piercings qu’elle portait sur l’arcade sourcilière. Son khôl avait coulé, lui aussi, mais ses yeux verts n’en étaient que plus perçants. Deux bijoux de beauté intelligente.
Elle lui parla avec sa voix douce et calme, lui demanda ce qu’il se passait, s’il se sentait bien. Sa voix calme et mélodieuse. Celle qu’elle utilisait a des heures indues, quand ils étaient seuls dans un monde qui n’appartenait qu’a eux.
Mais à vrai dire, Damien ne l’entendait plus trop. Il revoyait sans cesse le macabre spectacle de l’arrière-salle, et ses échanges physiques avec la femme qui l’avait mis en œuvre. Il se dégoûtait. Il était saturé, épuisé. Il voulait que cela s’arrête et se rendre à la police. Sa tête lui faisait mal, sa vision était déformée, sa perception de la réalité altérée, il le savait.
Sueur. Frissons. Damien avait du mal à garder les yeux ouverts en se rendant compte du tragique de la situation.
- Tout ça pour ça, dit-il à voix haute en désignant le sac contenant les valises encore fermées sorties du coffre de la banque. Aucun d’eux n’avaient réellement pris le temps de les ouvrir.
Dehors, une voix déclara que la police laissait une demi-heure au couple avant d’employer les grands moyens.
Damien regarda d’un œil morne Célia, baissa son arme et se dirigea vers les valises. Mais il n’y trouva pas de billets, ni des lingots.
Ni ce que Célia attendait, quoi que ce fût.
Non.
Ce que ces valises recelaient, c’était des restes humains.
Célia lui retourna un regard interrogateur. L'acide lui bouffait le crâne.
Et la porte de l’arrière-salle s’ouvrit.
Les deux employés abattus par Célia étaient devant eux, debout, du sang ruisselant de leurs blessures, mais les yeux bel et bien ouverts, un sourire horrible déformant leur visage. Célia se retourna brusquement vers les otages avant de se faire littéralement couper en deux au niveau du bassin par le Directeur de l’agence, plus rapide qu’une fusée.
Debout, il jubilait en regardant Damien, affolé, couvert du sang de sa compagne alors que les jambes de celle-ci continuaient à s’activer entre eux de façon invraisemblable. Séparée du haut du corps, elles avançaient, seules, aveugles, dans une parodie de vie pitoyable. Etait-il devenu fou ? Etait-ce réel ?
La créature envoya d’un simple geste le tronc sanglant à l’autre bout de la pièce dans un bruit cauchemardesque.
Si puissante. Si rapide. Invincible.
Tous les employés se relevaient a présent, heureux d’avoir enfin de quoi festoyer. Cependant, dans un dernier sursaut de vivacité, Damien décida de leur ôter ce plaisir. Sous le regard affamé des créatures, il mit son Sig-Sauer dans la bouche et appuya sur la détente.
Il s’essuya d’un revers de sa manche tout en sortant de la pièce, abasourdi. Il s’appuya de tout son poids sur la porte pour la refermer, ne croyant pas ce qu’il venait de voir.
Comment avait-elle pu commettre cette horreur ? Comment avait-elle pu ouvrir de cette façon le cadavre du vigile ? Comment avait-elle pu étaler ses intestins de cette manière sans que Damien ne s’en rende compte ? Etait-ce ses hallucinations qui déformaient ainsi la réalité ?
Il retourna vers Célia en tenant fermement son flingue. Elle l’aperçut. Elle s’arrêta de tirer, de hurler et de vociférer quand elle vit qu’il la tenait en joue. Le monstre se calma. La furie se changea en nymphe, se retransforma en la fée que Damien connaissait. SA Célia.
Elle retira son masque de fureur pour découvrir sa peau d’une pâleur maladive, ses traits fins juste renforcés par les piercings qu’elle portait sur l’arcade sourcilière. Son khôl avait coulé, lui aussi, mais ses yeux verts n’en étaient que plus perçants. Deux bijoux de beauté intelligente.
Elle lui parla avec sa voix douce et calme, lui demanda ce qu’il se passait, s’il se sentait bien. Sa voix calme et mélodieuse. Celle qu’elle utilisait a des heures indues, quand ils étaient seuls dans un monde qui n’appartenait qu’a eux.
Mais à vrai dire, Damien ne l’entendait plus trop. Il revoyait sans cesse le macabre spectacle de l’arrière-salle, et ses échanges physiques avec la femme qui l’avait mis en œuvre. Il se dégoûtait. Il était saturé, épuisé. Il voulait que cela s’arrête et se rendre à la police. Sa tête lui faisait mal, sa vision était déformée, sa perception de la réalité altérée, il le savait.
Sueur. Frissons. Damien avait du mal à garder les yeux ouverts en se rendant compte du tragique de la situation.
- Tout ça pour ça, dit-il à voix haute en désignant le sac contenant les valises encore fermées sorties du coffre de la banque. Aucun d’eux n’avaient réellement pris le temps de les ouvrir.
Dehors, une voix déclara que la police laissait une demi-heure au couple avant d’employer les grands moyens.
Damien regarda d’un œil morne Célia, baissa son arme et se dirigea vers les valises. Mais il n’y trouva pas de billets, ni des lingots.
Ni ce que Célia attendait, quoi que ce fût.
Non.
Ce que ces valises recelaient, c’était des restes humains.
Célia lui retourna un regard interrogateur. L'acide lui bouffait le crâne.
Et la porte de l’arrière-salle s’ouvrit.
Les deux employés abattus par Célia étaient devant eux, debout, du sang ruisselant de leurs blessures, mais les yeux bel et bien ouverts, un sourire horrible déformant leur visage. Célia se retourna brusquement vers les otages avant de se faire littéralement couper en deux au niveau du bassin par le Directeur de l’agence, plus rapide qu’une fusée.
Debout, il jubilait en regardant Damien, affolé, couvert du sang de sa compagne alors que les jambes de celle-ci continuaient à s’activer entre eux de façon invraisemblable. Séparée du haut du corps, elles avançaient, seules, aveugles, dans une parodie de vie pitoyable. Etait-il devenu fou ? Etait-ce réel ?
La créature envoya d’un simple geste le tronc sanglant à l’autre bout de la pièce dans un bruit cauchemardesque.
Si puissante. Si rapide. Invincible.
Tous les employés se relevaient a présent, heureux d’avoir enfin de quoi festoyer. Cependant, dans un dernier sursaut de vivacité, Damien décida de leur ôter ce plaisir. Sous le regard affamé des créatures, il mit son Sig-Sauer dans la bouche et appuya sur la détente.
Mais il ne savait même pas comment enlever le cran de sûreté…
1 commentaire:
Très très chouette. +1 pour le style.
Enregistrer un commentaire